Attaques de prisons : 21 suspects mis en examen, la piste des narcotrafiquants confirmée (Actualisé)

Photo : En avril 2025, pendant plusieurs jours, des prisons, établissements et agents de l'Administration pénitentiaire avaient été visés par des attaques. (Photo d'illustration: Celeda/WikimediaCommons)

3 mai 2025 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

Attaques de prisons : 21 suspects mis en examen, la piste des narcotrafiquants confirmée (Actualisé)

par | Société

Sur la trentaine de personnes interpellées dans le cadre de l'enquête sur les attaques ayant visé des prisons, ainsi que des établissements et agents de l'Administration pénitentiaire, 21 vont être présentées à la justice.

Vingt-et-un suspects ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi par des juges d’instruction chargés de la criminalité organisée à Paris.  L’enquête a démontré que les récentes attaques contre des prisons et des agents pénitentiaires étaient imputables aux narcotrafiquantsLa procureure de la République de Paris Laure Beccuau  a dit samedi que ces attaques relevaient de « la très grande criminalité organisée ».  La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) est désormais seule chargée des investigations

Agés de 15 à 37 ans

Selon la magistrate, parmi ces 21 personnes toutes mises en détention provisoire, il y deux mineurs, placés en centres éducatifs fermés et deux femmes. Parmi eux, figure celui qui est susceptible d’être le créateur du premier compte Telegram intitulé DDPF (Défense des prisonniers français) et rédacteur du texte de revendication, mettant en cause la condition carcérale, Il est déjà en détention pour des infractions de droit commun. Son procès pour des faits liés au narcobanditisme marseillais, proche de la DZ Mafia  doit se tenir prochainement. Ils sont âgés de 15 à 37 ans, d’origines géographiques diverses d et ont des parcours judiciaires variables.

Le groupe DDPF, alors totalement inconnu, avait publié vidéo et menaces sur cette messagerie cryptée, qui les a ensuite supprimées et fermé le canal. Les investigations ont mobilisé plus de 300 enquêteurs. Elles « ont mis en évidence un mode opératoire similaire, déployé de façon répétée ».  « L’instigateur du mouvement DDPF » donnait un « mot d’ordre d’action » sur une chaîne Telegram. Ses complices diffusaient et relayaient ensuite « des offres d’actions » sur les réseaux sociaux. ils pouvaient ainsi recruter « des exécutants » qui passaient « à l’acte, moyennant une rémunération significative »,  allant de 500 à 7.000 euros. « Ce mode opératoire correspond à celui désormais habituellement employé par les organisations criminelles pour faire exécuter des missions pour leur compte »

30 personnes interpellées après les attaques visant les prisons et leurs personnels

Au total, les enquêteurs ont interpellé 30 personnes, dont quatre mineurs entre lundi 28 et mercredi 30 avril 2025, lors d’un vaste coup de filet dans toute la France. Sept d’entre eux ont pu sortir de garde à vue sans poursuites à ce stade.

L’information judiciaire, ouverte vendredi par la Junalco pour notamment « association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et de délits et tentative de meurtre en bande organisée », porte sur une quinzaine d’actions menées contre des prisons et des agents pénitentiaires à partir du 13 avril. Ce jour-là, à Agen était apparu pour la première fois le sigle DDPF près de sept voitures incendiées sur le parking de l’Ecole nationale de l’Administration pénitentiaire. Une série d’incendies de voitures de personnels pénitentiaires avait ensuite eu lieu un peu partout en France. Des malfaiteurs ont également tiré avec des mortiers d’artifices sur des prisons, voire à la kalachnikov à Toulon.

L’enquête porte aussi sur des tirs par arme à feu et des jets de deux cocktails Molotov ayant visé le 21 avril un lotissement à Villefontaine (Isère) où résident des agents pénitentiaires, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier.

Des actions liées à la très grande criminalité organisée

Dès le 15 avril, le Pnat s’était saisi de l’enquête en raison de la « nature de ces faits, les cibles choisies et le caractère concerté d’une action commise sur de multiples points du territoire, ainsi que l’objectif qu’ils poursuivent de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation tel que revendiqué sur les réseaux sociaux par un groupe baptisé DDPF ».

Mais à l’issue du coup de filet, « il n’apparaît pas que ces actions coordonnées procèdent d’une entreprise terroriste dont l’objet aurait été la commission d’infractions ayant pour seul but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur », développent le Pnat et la Junalco. « Aucune idéologie radicale violente, aucune ingérence étrangère, pistes pleinement explorées, n’ont pu être caractérisées », poursuivent-ils. « En revanche, les investigations ont permis d’inscrire résolument ces actions dans la très grande criminalité organisée », selon le communiqué.

300 enquêteurs

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, avait imputé dès le début les attaques à la criminalité organisée alors que le Parlement a définitivement adopté mardi 29 avril 2025 une proposition de loi destinée à renforcer la lutte contre les narcotrafiquants.

(Avec AFP, article mis à jour avec détails sur les 21 personnes mises en examen et les commentaires de la procureur de la République de Paris samedi)

Lire aussi : Des prisons et agents pénitentiaires ciblés depuis plusieurs jours

La Lettre Conflits

La newsletter de l’Essor de la Gendarmerie

Voir aussi