Trente-sept ans après les faits, les demandes d’indemnisation de dix gendarmes et familles de gendarmes, victimes (blessés ou tués) des évènements sur l’ile d‘Ouvéa (Nouvelle-Calédonie) en 1988 sont examinées jeudi par le tribunal administratif (TA) de Lille. Il s’agit d’un autre volet des suites de ce dossier.
« Recours gracieux en indemnisation »
Ces demandes avaient été adressées à l’été 2020 au ministère des Armées, sous la forme de « recours gracieux en indemnisation« . Elles sont présentées par huit gendarmes, pris en otages le 22 avril 1988 lors de l’attaque de la brigade de Fayoué (quatre gendarmes tués) par un commando indépendantiste, puis retenus comme otages dans la grotte de Gossanah. Ils avaient été libérés le 5 mai suivant lors d’une opération meurtrière (19 indépendantistes et deux soldats tués).
Les deux autres recours sont portées par les familles de deux des gendarmes tués à Fayoué. L’ensemble des faits avaient été amnistiés par les accords de Matignon (26 juin 1988) approuvés par référendum le 8 novembre 1988.
Ces requêtes avaient alors suivi les révélations sur ce drame par le lieutenant-colonel (ER) Henri Calhiol, dans un document déposé au Service historique de la Défense. L’Essor avait publié ces révélations en avril 2018.
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Pas de directives sur le renforcement de la sécurité
L’auteur, à la faveur d’un long travail documentaire inédit, y analysait causes, circonstances et conséquences de cet épisode dramatique de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Il défendait la thèse que l’attaque-surprise de la brigade de Fayaoué avait été facilitée par le fait que des directives capitales – dont le suivi et le contrôle avaient été négligés par la hiérarchie – n’étaient jamais parvenues à la petite brigade. À 180km de Nouméa, l’unité regroupait en avril 1988 32 gendarmes départementaux et mobiles, venus en renfort. En l’absence de directives, la brigade en était donc restée à un dispositif défensif inadapté à la nouvelle menace.
À la suite de ces révélations, des anciens gendarmes formaient donc un recours (avec demande d’indemnisation) confié à un cabinet d’avocats lillois spécialisé. Leurs demandes avaient été alors rejetées par le ministère des Armées (en 1988, la Gendarmerie dépendait du ministère de la Défense), puis par la Commission de recours des militaires.
Pierre-Marie GIRAUD