L’édition 2022 du Prix de l’Audace a connu son dénouement le 26 janvier 2023 avec la remise des prix aux projets portés par les différentes composantes du ministère des Armées et de la Gendarmerie nationale.
Sur une quarantaine de projets présentés par l’Arme lors de cette nouvelle édition du Prix, trois étaient en lice pour recevoir le prix attribué à la Gendarmerie. C’est finalement un outil de géolocalisation, porté par un gendarme enquêteur en nouvelles technologies et en criminalités numériques qui a été sélectionné par le jury.
Un traceur autonome primé
Lauréat du prix de l’Audace 2022 pour la Gendarmerie, ce projet se nomme “Sgati”, pour “solution de géolocalisation non coopérative basée entièrement sur la technologie de l’Internet des objets”. Le porteur du projet, l’adjudant Stéphane G., appartenant au groupement de gendarmerie départementale des Pyrénées-Orientales, résume sa création comme un “traceur de localisation hybride, autonome et compact, pouvant basculer de l’outdoor à l’indoor”.
Conçu sous la forme d’un petit boîtier, cet outil permet une géolocalisation de longue durée, car très peu consommatrice en énergie, basée à la fois sur les technologies GPS, mais également les réseaux numériques comme la WiFi et la 4G. Une pluralité de modes de transmission qui lui permet de transmettre les données de position, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, et même en sous-sol.
Initialement développé pour les besoins de missions de police judiciaire, le Sgati vise notamment à assurer le suivi d’une cible ou d’un objet sur plusieurs jours, voire semaines. Une mission qu’assurent principalement les gendarmes des groupes d’observation et de surveillance (GOS) ou encore ceux de la Force observation-surveillance (FOR) du GIGN. Cette technologie doit également permettre le suivi et la gestion de matériels ou de convois sensibles (armement, escorte…).
Outre sa basse consommation en énergie, prolongeant ainsi son autonomie, cette balise peut également embarquer d’autres types de capteurs permettant par exemple d’analyser les conditions environnementales, ou encore de mesurer le stress en analysant des voix. Autant de fonctionnalités qui en font, bien plus qu’un simple traqueur, un véritable objet connecté au service des forces de sécurité intérieure.
Pour développer cette solution et mettre au point un prototype, l'adjudant Stéphane G. a travaillé avec deux entreprises d'Occitanie, Syntony GNSS, spécialisée dans la géolocalisation et basée à Toulouse, et SEE/Selecom, spécialisée dans les télécoms et la conception de logiciel, implantée dans les Pyrénées-Orientales.
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Deux autres projets mis à l’honneur
En dehors de ce projet primé, deux autres étaient mis en avant pour la Gendarmerie. Le premier d’entre eux, “A-P4S” (pour “assistant pour la planification à quatre semaines”), est un programme informatique permettant aux commandants d’unités de gendarmerie de concevoir leur planning de service mensuel de manière quasi-automatisée. Un gain de temps précieux, quand certains mettent aujourd'hui plusieurs jours à le préparer. Déjà utilisé dans les unités dans le cadre d’une expérimentation, cet outil prend en compte de nombreux paramètres de gestion des emplois du temps des militaires comme par exemple les permissions, les repos, les arrêts maladie ou restrictions d’emploi, ou encore les services de nuit qui entraînent des “descendances” , c'est à dire une indisponibilité pour une partie de la journée suivante au titre du repos physiologique indispensable.
Le second projet, baptisé “Phidias” –du nom d’un célèbre sculpteur grec de l’Antiquité–, est un système de modélisation 3D, rendu accessible à tous les gendarmes. Un projet développé depuis plusieurs années par les experts de l’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie (IRCGN). Cette “chaîne de modélisation” permet de réaliser des modèles en trois dimensions d’un objet ou d’une scène, à partir de photographies. Celles-ci peuvent être prises et transmises à partir des smartphones Neogend des gendarmes, ou bien prises avec un appareil photo plus performant, voire même un drone, et envoyées par la suite via un ordinateur. Déposés sur un serveur sécurisé, ces clichés permettent de centraliser les calculs de modélisation et d’en ressortir un fichier facilement exploitable pour les enquêteurs, quelles que soient leur qualification et leurs compétences technologiques.
Bien que liés à des univers différents, ces projets ont tous en commun un objectif d’amélioration. “Tous visent à davantage de performance et d’efficacité dans le quotidien du gendarme, au service du public”, indique d’ailleurs l’Institution.
.#PrixDelAudace2022 🏆
La Secrétaire d'État @sarahelhairy a décerné le Prix de l’Audace aux 8 projets lauréats. Financé par la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque, ce prix valorise et récompense les personnels civils et militaires du @Armees_Gouv et de la @Gendarmerie. 👏 pic.twitter.com/9CEVcn8L7A— Agence Innovation Défense (@Agence_ID) January 27, 2023
L’audace d’innover récompensée
Organisé tous les deux ans depuis 1992 par la Mission innovation participative (MIP) du ministère des Armées, aujourd’hui rattachée à son Agence de l’innovation de Défense (AID), le prix de l’Audace est décerné par la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque. Cette dernière attribue une récompense financière d’un montant de 2.500 euros à chaque projet lauréat. Le prix vise ainsi à récompenser les innovateurs, civils ou militaires, issus de la Gendarmerie, des trois armées, de l’Etat-major des armées (EMA), de la Direction générale de l’Armement (DGA) et du Secrétariat général pour l’administration (SGA), et notamment leur esprit d’initiative et leur capacité d’innovation ; des qualités essentielles “pour gagner en efficacité et faciliter l’accomplissement des missions” précise le ministère des Armées.
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