Début octobre, des gendarmes français étaient tout sourire, à La Haye. Et pour cause: ils ont reçu le prix d’excellence du projet innovant de l’agence européenne Europol. Les militaires français ont été primés pour le développement d’une plateforme d’outils avancées d’analyse criminelle, déjà accessibles à plus de 600 gendarmes avant une diffusion plus large dans l’Arme. Un projet porté par le lieutenant-colonel Daniel Camara, affecté au Pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale (PJGN).
Cette suite, basée sur l’intelligence artificielle, permet par exemple d’analyser et de comparer des empreintes digitales. Elle intègre également une fonction de détection d’armes à feu et de drogues, le traçage de personnes suspectées de pédophilie entre différents sites pédopornographiques en identifiant par exemple son style d’écriture, ou encore des outils de traduction automatique dans plus de cent langues. La plateforme a été “entièrement développée en interne”, rappelle Daniel Camara dans une vidéo diffusée sur Linkedin.
Des geeks très recherchés par les gendarmes
Deuxième prix
En tout, la plateforme rassemble plus de dix outils, dont certains sont déjà partagés avec les autres polices européennes via Europol. Comme le signale la publication de la Gendarmerie consacrée à l’intelligence artificielle, Cultur’IA, l’Arme est déjà très présente au sein d’Europol sur ces sujets. Elle co-dirige ainsi le groupe de travail sur la stratégie en intelligence artificielle et un groupe sur le traitement automatique du langage.
Un volontarisme qui a permis aux gendarmes d’être récompensés une deuxième fois il y a quelques semaines. Elle a reçu cette fois-ci le prix de “Top contributor” lors de la conférence sur l’Innovation et les forces de sécurité. Cette récompense valide “la pertinence de la stratégie IA de la Gendarmerie pour partager ses outils ainsi que ses données”, a remarqué le général de brigade Patrick Perrot, le coordonnateur de l’Arme pour l’intelligence artificielle. Près de 80.000 gendarmes auraient suivi la formation en ligne sur l’intelligence artificielle mise en place par la Gendarmerie, soit une majorité des militaires d’active, un effort conséquent.
Comme le signale l’Arme, l’utilisation de l’intelligence artificielle ne vise pas à faire de la police prédictive. Mais, “au regard des milliards de données constituant un dossier pénal ce jour, il n’apparaîtrait pas responsable de se passer de l’intelligence artificielle dans la recherche de la vérité judiciaire”, préviennent les gendarmes.