La ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes Aurore Bergé a réaffirmé lundi une « tolérance zéro » à l’égard des clients des prostituées. Elle a assuré que la sanction de ces derniers restait une priorité en dépit d’une stagnation du nombre de verbalisations.
« La ligne du gouvernement c’est une intransigeance absolue et une tolérance zéro », a-t-elle dit à l’AFP à quelques jours des un an de la stratégie nationale de lutte contre la prostitution qui visait à compléter la loi de 2016.
Marquant un tournant dans la politique française, cette loi avait abrogé le délit de racolage pour le remplacer par la pénalisation des clients, désormais passibles d’une amende de 1.500 euros – 3.750 en cas de récidive. Mais dans les faits, ils le sont encore peu : une étude de l’Observatoire national des violences faites aux femmes publiée mi-avril a fait état de 1.146 verbalisations de clients pour achat d’actes sexuels sur personne majeure en 2024, contre 1.160 en 2023 et 1.155 en 2022.
« On entend encore « Heureusement que la prostitution existe »«
« C’est un débat qui n’est pas si simple en France », a estimé Aurore Bergé. « On entend encore beaucoup de remarques disant « heureusement que la prostitution existe, parce que c’est un exutoire, parce que sinon on aurait encore plus de violences sexuelles dans le pays », ce qui n’est pas faux. »
« Mais le système prostitutionnel », a-t-elle poursuivi, « c’est malheureusement une représentation qui dit qu’on peut acheter le désir, qu’on peut acheter le corps des femmes, qu’on peut commercialiser leur corps, qu’on a le droit d’en faire ce qu’on veut, y compris en termes de sévices, de violences, de rapports non protégés… »
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« Donc il ne faut rien laisser passer vis-à-vis de proxénètes qui sont des criminels et qui doivent pouvoir être condamnés pour ce qu’ils sont, mais ne rien laisser passer non plus vis-à-vis des clients », a ajouté la ministre, espérant pouvoir relancer prochainement une campagne de sensibilisation sur ce sujet.
La stratégie nationale est en cours de déploiement
Lancée le 2 mai 2024, la stratégie nationale, dont l’objectif était de compléter la loi de 2016 et d’en renforcer son application sur le terrain, est en cours de déploiement, a par ailleurs annoncé Aurore Bergé.
Elle a notamment mis en avant la revalorisation du montant de l’Afis, l’aide allouée aux personnes voulant sortir de la prostitution, les partenariats conclus avec Gites de France ou Airbnb pour lutter contre la « prostitution logée » ou la circulaire interministérielle à venir concernant les salons de massage abritant de la prostitution.
(AFP)