Décès du général Vidal, commandant de l’opération de libération des otages à Ouvéa en 1988

Photo : Le général Jacques Vidal, interviewé en 1988, et en 2018 par la chaîne La 1ère - Outre-mer. (Captures d'écran - France Télévision - Assemblage L'Essor)

19 juin 2025 | Société

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Décès du général Vidal, commandant de l’opération de libération des otages à Ouvéa en 1988

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Le général Jacques Vidal, qui avait commandé en 1988 l'opération de libération des otages sur l'ile d'Ouvéa, vient de décéder

Le général Jacques Vidal, commandant de l’opération de libération des otages sur l’ile d’Ouvéa (Nouvelle-Calédonie) en 1988, est décédé à l’âge de 88 ans. Sa famille vient d’annoncer son décès, survenu le lundi 16 juin 2025, ce jeudi dans le carnet du Figaro. Cet officier des troupes de marine aura marqué l’histoire de la Nouvelle-Calédonie par un « fait d’armes bien singulier », a commenté pour L’Essor le lieutenant-colonel (CR) Henri Calhiol. 

Attaque de la brigade de Fayoué et prise d’otages

En 1988, la Nouvelle-Calédonie « est alors à feu et à sang », rappelle ce spécialiste de l’affaire de Fayaoué : « On frôle la guerre civile ». Le 22 avril, un commando du FLNKS attaque la petite brigade de Fayaoué, isolée sur l’atoll d’Ouvéa, au large du Caillou. Quatre gendarmes sont tués à coups de fusil de chasse et un grièvement blessé à l’arme blanche. Les vingt-sept autres gendarmes mobiles et départementaux sont pris en otages. Douze sont rapidement relâchés dans le sud de l’île. Les quinze autres sont emmenés dans le nord de l’île. Ils sont alors retenus dans une grotte quasi-inexpugnable à Gossanah. Leurs geôliers sont fortement armés après le pillage de l’armurerie de la brigade de Fayoué.

« L’évènement, d’une extrême gravité, survient dans un contexte politique exacerbé« , souligne Henri Calhiol. La France se trouve en effet entre les deux tours de l’élection présidentielle opposant François Mitterrand et son Premier ministre Jacques Chirac.

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Un bilan meurtrier

Le gouvernement, relève Henri Calhiol, choisit de dessaisir la Gendarmerie au profit de l’armée. Il confie au général de brigade Jacques Vidal, un parachutiste des troupes de marine, alors commandant supérieur en Nouvelle-Calédonie, la mission de régler la situation avant le second tour. Ce sera l’opération « Victor », « exceptionnellement menée » avec des éléments aguerris du GIGN, du 11e Choc de la DGSE et du commando marine Hubert. « Elle sera un succès militaire remarquable dans le contexte », affirme Henri Calhiol.Tous les otages seront en effet libérés vivants, le 5 mai. Au prix toutefois d’un bilan meurtrier. Deux militaires du 11e Choc seront en effet tués, ainsi que dix-neuf des mélanésiens présents.

Mais une polémique ne tardera pas à surgir, sur fond de présidentielle remportée par le président sortant. Ainsi naîtra « l’affaire d’Ouvéa qui laissera dans l’ombre l’attaque de la petite brigade », commente Henri Calhiol. Elle révèlera ce que le ministre de la Défense d’alors, Jean-Pierre Chevènement, appellera « pudiquement des ‘manquements contraires à l’honneur’« . En fait des exactions meurtrières commises sur des kanaks après leur reddition. Des exactions longtemps contestées, mais reconnues progressivement ensuite.

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« Déception inconsolable » du général Vidal

Dès lors, le souvenir de Fayaoué-Ouvéa 1988 deviendra maudit. Le général Vidal exprimera, « parfois avec des larmes, sa déception inconsolable d’avoir vu son succès militaire terni par la désobéissance de certains des hommes engagés dans l’opération Victor « , conclut Henri Calhiol. Sorti de son devoir de réserve, le général Jacques Vidal avait publié en 2010 le livre « Grotte d’Ouvéa, la libération des otages«  (éditions Volum Eds).

Après Ouvéa, le général Vidal est nommé adjoint du commandant de la force d’action rapide et promu général de division. Il terminera sa carrière comme directeur de la section technique de l’armée de Terre, avant d’être promu général de corps d’armée en 1994.

Philippe Legorjus, alors commandant du GIGN lors de l’opération de 1988, a dit à L’Essor qu’il « avait un profond respect pour la mémoire et le parcours » du général Vidal.

Ses obsèques religieuses seront célébrées le jeudi 26 juin 2025, en l’église Saint-Germain, à Saint-germain-en-Laye. Le général était Commandeur de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite.

PMG 

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