Tables-rondes, acteurs de la sécurité intérieure, représentants du monde économique: les premières Assises de la garde nationale qui se sont tenues dans le cadre de la Journée Nationale du Réserviste ce vendredi 13 octobre, ont fait le plein à l’Ecole militaire, à Paris. L’occasion, face aux 550 réservistes et 20.000 internautes ayant suivi le live sur Facebook, de célébrer la réussite de ce dispositif, mais aussi de travailler sur les difficultés. Dans la Gendarmerie, il existe un point noir : c’est celui de la formation des nouveaux réservistes. De 25.000 réservistes opérationnels en 2016, l’Institution visait l’intégration de 40.000 volontaires d’ici la fin de l’année 2018. La marche était sans doute trop haute, et dans son discours, Richard Lizurey, le directeur général de la Gendarmerie nationale, a annoncé, sans le dire formellement, une pause. En juin, les réservistes étaient 29.600 dans l’Arme.
explique Richard Lizurey. Nous avions l’ambition de monter jusqu’à 40.000 réservistes. A ce stade nous allons consolider le dispositif à 30.000, pour nous laisser le temps de former davantage encore les personnels qui sont chez nous, pour poursuivre leur formation, pour les intégrer encore davantage dans le spectre missionnel, et pour améliorer ici ou là les bonnes pratiques qui s’expriment », pour par exemple « améliorer le quotidien ».
Créée en octobre 2016, la Garde nationale avait une belle ambition : augmenter le nombre de réservistes de près d’un tiers en deux ans, de 63.000 à 85.000 réservistes. Un effort qui repose essentiellement sur les deux grands piliers de cette structure, les Armées et la Gendarmerie nationale, les effectifs des réserves de la Police nationale étant eux plus mesurés. Pour la Gendarmerie, cela représente donc environ un minimum de 15.000 nouveaux réservistes à former en deux ans, et cela sans compter les départs ou les retraites de la réserve.
De nombreux gendarmes à former
Une hausse importante des réservistes à former alors qu’intervient un double effet de ciseau. D’une part, l’enseignement des réservistes vient d’être réformé, les trois phases d’apprentissage sont désormais rassemblées en quatre semaines consécutives depuis 2016 – une contrainte pour les centres de formation et pour les élèves, qui doivent bloquer un mois complet. Et d’autre part, la Gendarmerie prévoit de former 50.000 nouveaux gendarmes dans les cinq prochaines années, un cycle important de recrutement lié au renouvellement des personnels recrutés dans les années 1980, « une bosse générationnelle ».
« Les formations des réservistes mobilisent du personnel, du matériel, rappelle l’Institution. Nous voulons former les réservistes le mieux possible : si les stagiaires sont trop nombreux, l’enseignement est moins qualitatif. »
Pour autant, si la hausse du nombre de réservistes va marquer une pause, l’intérêt du dispositif n’est pas démenti. Une seconde compagnie territoriale de réserve va ainsi s’envoler dans les prochains jours pour Saint-Martin, dans les Antilles, pour faire face aux dégâts causés par l’ouragan Irma. « Il y a une plus value indéniable de la réserve opérationnelle, souligne Richard Lizurey. C’est une composante à part entière de notre action, elle décuple notre présence, elle nous permet d’occuper davantage le terrain, plus longtemps et plus souvent. »
Du coup, la Gendarmerie réfléchit à des pistes de progrès. Concrètement, le directeur général a promis un équipement similaire aux troupes d’active. « Ils prennent les mêmes risques, ils doivent donc avoir les mêmes matériels », comme les gilets pare-balles, précise Richard Lizurey. De même, les réservistes, agents de police judiciaire adjoints, pourraient dans certains cas avoir la qualité d’agent de police judiciaire – c’est déjà le cas des gendarmes retraités réservistes -, pour être « davantage intégrés dans l’efficacité opérationnelle au quotidien ». Même moins nombreux qu’attendu, les futurs réservistes devraient bien être encore plus efficaces.