Pendant cinq jours, le département de l'Orne et son très renommé Haras du Pin ont accueilli les championnats européens de concours complet ; une compétition équestre majeur où se sont pressés, au plus fort de l'événement, jusqu'à 15.000 visiteurs. Une occasion en or pour la Gendarmerie de tester ses dispositifs de sécurisation à moins d'un an des jeux Olympiques et Paralympiques (JOP).
Plus de 200 gendarmes étaient ainsi engagés, dont une vingtaine de réservistes opérationnels. Tous n'étaient pas affectés aux mêmes missions. Le dispositif se divisait en quatre grandes composantes : commandement, circulation, protection et investigation/judiciaire.
Légende photo: Le colonel Pierre-Olivier Benech, commandant le groupement de gendarmerie départementale de l'Orne (GGD61), devant une cartographie du secteur où se déroulent les compétitions équestres. (Photo: LP/L'Essor)
Gérer la crise et appuyer le courant
En amont de l'événement, la section aérienne de la Gendarmerie de Rennes a réalisé des vues aériennes du site, à l'aide de l'outil « Griffon », un système de cartographie de crise (SC2), développé par le Centre de planification et de gestion de crise (CPGC) de la Gendarmerie, embarqué sous un hélicoptère. « Cela nous permet de disposer d'une cartographie la plus à jour du site et de ses abords », indique le colonel Pierre-Olivier Benech, commandant le groupement de gendarmerie départementale de l'Orne. Ces cartes, où sont également indiqués tous les points clés, sont partagées avec les autres services présents au centre de commandement, comme les sapeurs-pompiers, la préfecture ou encore la quinzaine de militaires de l'opération Sentinelle, également déployés pour l'occasion. La segmentation de la carte en carreaux, permet ainsi de localiser avec précision un point du dispositif et simplifier le guidage des personnels sur le terrain, notamment en cas d'intervention.
Légende photo: Le chef d'escadron Ismaël Baa, commandant la compagnie de gendarmerie départementale d'Alençon-Argentan, chef du dispositif lors des compétitions équestres au Haras du Pin (Orne). (Photo: LP/L'Essor)
Sur place, il est très compliqué de capter correctement le réseau téléphonique. Sans doute en raison d'une saturation liée à la forte affluence. Tout l'enjeu de la manœuvre reposait donc aussi sur l'efficience des moyens de communication. Raison pour laquelle des spécialistes des systèmes d'information et de communication ont également été mis à contribution pour créer une bulle de transmissions dédiée à l'événement et s'assurer que les radios fonctionnent correctement pour chaque gendarme présent sur le dispositif.
Sur le terrain, différents types de patrouilles sont mises en place. A pied et en véhicules bien sûr, mais également à moto, à vélo ou encore à cheval. Ce sont d'ailleurs avec des chevaux prêtés par les organisateurs de l'événement que patrouillaient des gendarmes locaux, formés et habilités à effectuer des patrouilles équestres.
En plus des patrouilles, une réserve d'intervention est disponible en permanence face au risque terroriste, toujours omniprésent, ou encore celui d'une manifestation non-déclarée. Elle est constituée de gendarmes issus des pelotons de surveillance et d'intervention (Psig) du département.
Légende photo: Les organisateurs de l'événement ont prêté deux chevaux percherons aux gendarmes de l'Orne, dont certains sont habilités à patrouiller à cheval. (Photo: LP/L'Essor)
Emploi d'un drone : économie des forces et capacité de réaction
Longtemps cloués au sol pour des raisons juridiques, les drones de la Gendarmerie peuvent enfin prendre leur envol. Le dispositif gendarmique a ainsi pu être complété par un télépilote de drone, dont les compétences ont été mises en œuvre pour la première fois sur ce type d'événement dans le département. Il a fallu pour cela respecter scrupuleusement les nouvelles directives d'emploi des moyens aériens des forces de sécurité. Quelques jours plus tôt, un arrêté préfectoral a ainsi été publié par la préfecture de l'Orne, en vue d'autoriser « la captation, l'enregistrement et la transmission d'images au moyen de caméras installées sur des aéronefs ».
Sur un espace aussi vaste, « avec la configuration du terrain et le nombre de participants », ce « vecteur de 3e dimension » apporte une « plus-value indéniable », souligne le colonel Pierre-Olivier Benech. « Avec un télépilote de drone, on voit de plus loin, de plus haut, et donc forcément, on couvre des zones que ne pourraient pas couvrir des patrouilles, y compris des zones peu ou pas accessibles. Cela nous permet une économie des forces, mais aussi d'avoir une vision beaucoup plus rapide d'un événement qui se produirait, et ainsi, d'avoir le renseignement le plus fiable pour intervenir. »
Légende photo: Grâce à l'action du télépilote de drone, les gendarmes disposent d'une vision haute du secteur à sécuriser et peuvent ainsi détecter rapidement les situations anormales et adapter le dispositif. (Photo: LP/L'Essor)
D'ailleurs, le télépilote de drone ne se déplace jamais seul. Il est toujours binômé avec un autre militaire qui fait partie du dispositif de sécurité et qui est en état de faire des compte-rendus au PC opérationnel ou de donner directement des ordres à une patrouille qui serait à proximité, de façon à pouvoir intervenir le plus rapidement possible.
La circulation, un autre enjeu majeur
L'accès au site était aussi un enjeu majeur. « Il est capital de garantir la fluidité des axes », confirme le colonel Benech. Et pour cause ; gendarmes comme organisateurs avaient en mémoire le chaos routier rencontré lors des Jeux équestres mondiaux de 2014, avec des axes bouchés jusqu'à 15km autour du lieu de compétition. En plus des équipes positionnées sur les axes, le drone a permis de connaître en temps réel l'état de la circulation, voire d'identifier des points de blocage.
Pour l'officier supérieur, le retour d'expérience de l'utilisation du drone sur un événement d'ordre public comme celui-là sera fondamental. « C'est presque un galop d'essai pour les JO de 2024 », confirme-t-il. « C'est un outil qui a pour nous plusieurs intérêts. On peut également l'utiliser sur des dispositifs d'ordre public, typiquement sur des violences urbaines. Cela permet de voir quelle est la manœuvre de l'adversaire et où sont les points dangereux du terrain sur lequel on doit travailler. On peut l'utiliser aussi en matière de recherches de personnes disparues… »
Proposer un service de proximité
Ultime volet du dispositif déployé, un bureau a été mis à disposition des gendarmes pour leur permettre de recueillir d'éventuelles plaintes directement sur le site de la compétition. Un service de proximité essentiel en raison de la présence de nombreuses délégations étrangères. En cas de besoin, «ça leur évite d'avoir à se déplacer dans une brigade, voire de repartir sans déposer plainte ». Et comme le travail des gendarmes se trouve aussi en amont du judiciaire, des enquêteurs appartenant à des brigades de recherches du département étaient également présents sur le site, en civil, pour déjouer ou intervenir sur toute tentative de malfaiteurs…
Légende photo: Un poste avancé de gendarmerie, situé dans l'enceinte de compétition, permet aux éventuelles victimes de venir directement déposer plainte sans avoir à se déplacer dans une unité de gendarmerie. (Photo: LP/L'Essor)
Au final, bien qu'ayant souffert d'une météo normande capricieuse, le dispositif aura porté ses fruits. Nul doute qu'il fera l'objet d'un retour d'expérience complet et scruté à la loupe pour que la Gendarmerie continue de préparer au mieux son engagement massif pour les grands événements à venir.
LP
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