Comment sécuriser les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, et notamment la cérémonie d'ouverture qui s'annonce inédite, tant sur l'aspect du spectacle, prévu pour durer trois heures et pour la première fois en dehors d'un stade, que sur son organisation et sa logistique? C'est une des questions sur lesquelles ont avancé les autorités ce mardi 23 mai 2023, à l'occasion de la signature d'un protocole portant sur "les principes directeurs qui répartissent (les) responsabilités pour la sécurité de la cérémonie d'ouverture" entre le ministère de l'Intérieur, le comité d'organisation des JO (Cojo) et la Mairie de Paris.
Le 26 juillet 2024, le défilé inaugural avec l'ensemble des délégations internationales s'étendra sur la Seine, du secteur de la bibliothèque François Mitterrand jusqu'à celui de la Tour Eiffel. Soit un itinéraire nautique au cœur de Paris de près de sept kilomètres pour cette “parade fluviale” d'environ 10.000 personnes réparties sur 115 bateaux, et plus du double de distance à prendre en compte pour les forces de sécurité avec les zones de départ et d'arrivée, ainsi que les quais de chaque côté de la Seine qui seront réservés aux spectateurs.
Un dimensionnement toujours estimatif
Pour l'heure, le nombre de spectateurs attendu pour cette cérémonie est toujours estimatif. Sur les quais bas, au plus près de l'eau, 100.000 places ont été mises en vente, entre 90 et 2.700 euros, par le Cojo. Sur les quais hauts, le spectacle sera gratuit. C'est là que se concentre l'essentiel des interrogations quant au nombre de places disponibles. Les autorités n'ont d'ailleurs pas donné de détail lors de la présentation du protocole sur la sécurité signé le 23 mai 2023, se cantonnant à évoquer le chiffre 600.000 places pour la jauge globale annoncée il y a quelques mois. Alors, 500.000? 400.000? Moins? Bien que la jauge soit toujours "en cours d'affinage", ce qui est sûr, c'est qu'il y aura "plusieurs centaines de milliers de personnes", confirme le ministre de l'Intérieur.
En coulisses, les discussions sont rudes entre, d'un côté, la mairie de Paris et le Cojo, désireux d'une grande fête populaire où se promènent librement les badauds, et de l'autre le ministère de l'Intérieur et la préfecture de police qui veulent gérer des poches de spectateurs par secteurs. Selon les confidences de sources policières et politiques à l'AFP, les quais devraient être divisés en 15 ou 20 tronçons. Mais cette organisation n'a pas été détaillée pour le moment.
Néanmoins, pour réguler les accès et éviter de dangereux débordements le jour-J, Gérald Darmanin a annoncé qu'un service de billetterie gratuit allait être mis en place. Cette "plateforme d'inscription", obligatoire pour accéder aux quais hauts, sera gérée et financée par les services du ministère de l'Intérieur.
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35.000 policiers et gendarmes
Par ailleurs, 35.000 membres des forces de sécurité intérieure seront mobilisés ce jour-là, spécifiquement pour la cérémonie d'ouverture à Paris, en complément des agents de sécurité privée et des agents de la police municipale de la Ville de Paris. On ne connaît pas encore le détail de la répartition entre Police et Gendarmerie, mais le ministre a annoncé la mise à disposition de la Préfecture de Police de Paris, dès cet été, de cinq unités de forces mobiles (des gendarmes mobiles ou des policiers des compagnies républicaines de sécurité CRS). Sur l'eau, en plus des 115 embarcations d'athlètes, il y aura une "trentaine de bateaux" dédiés à la sécurité, a précisé M. Darmanin, ainsi que des personnels du ministère de l'Intérieur sur les bateaux des délégations.
Gérald Darmanin a par ailleurs indiqué que les dispositifs de sécurité, qui devraient être présentés dans les prochains mois, se feraient en coordination avec le ministère des Armées, qui y concourra donc. Outre la mission de sécurité générale, d'autres missions cruciales comme la lutte anti-terroriste, la lutte anti-drone ou encore la lutte contre les attaques cyber sont également prises en compte dans ces dispositifs.
Si le coût de la sécurisation de la cérémonie d'ouverture n'a pas été précisé, le ministre a assuré qu'au total, pour le ministère de l'Intérieur, le coût de la sécurité pour les JO représentera "200 millions d'euros". Un "premier chiffrage" d'un pré-rapport de la Cour des comptes à l'été 2022 évoquait "419 millions d'euros" pour les dépenses de sécurité de l'Etat (au sens large). Reste que cette opération, d'une ampleur inédite pour les forces de sécurité, va mobiliser une très grande partie des effectifs de la Gendarmerie et de la Police. D'autant qu'en plus de cet événement à Paris, l'ensemble des sites olympiques sera également sous étroite surveillance et que cette sécurisation événementielle ne devra pas se faire au détriment de la sécurité du reste du territoire, comme l'ont rappelé récemment les sages de la Cour des comptes. A cet effet, M. Darmanin a souligné que le ministère de l'Intérieur serait quasiment à 100% de ses effectifs au moment des Jeux Olympiques, en demandant"pour la première fois, et sans doute pour la dernière fois", aux forces de l'ordre comme aux forces de sécurité civile et aux agents de préfectures, "de ne pas prendre leurs congés à l'été 2024".
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