Six ans de prison pour l’escroc britannique qui avait renversé deux gendarmes dans la Creuse

Photo : C'est notamment parce qu'il a fait l'objet d'un documentaire que l'escroc britannique Robert Hendy-Freegard a pu être identifié. (Illustration/Netflix)

10 février 2025 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

Six ans de prison pour l’escroc britannique qui avait renversé deux gendarmes dans la Creuse

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Fonçant sur les gendarmes afin de s’enfuir, l'escroc britannique avait renversé et "sévèrement blessé" deux militaires venus contrôler son élevage de chiens dans la Creuse en 2022.

Il était devenu célèbre grâce à un documentaire de Netflix retraçant son passé d’escroc au Royaume-Uni. Le jeudi 6 février 2025, le tribunal correctionnel de Guéret a condamné le Britannique Robert Hendy-Freegard à six ans de prison pour avoir renversé deux gendarmes en 2022.

« Il a foncé volontairement, cette détermination fait froid dans le dos », a affirmé lors de ses réquisitions la procureure Alexandra Pethieu, décrivant une « scène ahurissante digne de Mad Max ». Elle avait requis une peine de sept ans de prison contre le Britannique de 53 ans, incarcéré à la maison d’arrêt de Limoges (Haute-Vienne) depuis octobre 2022.

Déjà condamné à la perpétuité outre-Manche

Les faits ont eu lieu à Vidaillat (Creuse), un petit village au nord du plateau de Millevaches. Le prévenu s’y installe en 2015 pour monter un élevage de chiens Beagles avec sa compagne Sandra Clifton. Dix ans auparavant, il avait été condamné au Royaume-Uni à la prison à perpétuité pour enlèvement, tromperie et vol. Il se faisait notamment passer auprès de femmes pour un espion du MI5, le service de renseignement intérieur britannique. Il sera libéré en 2009 après l’invalidation de sa condamnation pour enlèvement par une cour d’appel.

Le jour des faits, des gendarmes interviennent sur arrêté préfectoral pour évacuer son élevage de chiens jugé illégal en raison de mauvaises conditions sanitaires.

Il se présente à eux au volant d’une voiture, puis, après une discussion calme dans un premier temps, il démarre en trombe, percute une première gendarme puis un autre, projeté sur le pare-brise sur plusieurs mètres. Les militaires blessés se sont vu prescrire 30 et 15 jours d’incapacité totale de travail (ITT) respectivement.

L’homme, libéré de prison en 2009, était devenu célèbre après être devenu le héros d’un documentaire de la plateforme Netflix : The Puppetmaster : leçons de manipulations, ainsi que le film Rogue Agent.

Panique et cavale du Britannique

Se défendant seul, sans avocat, il a expliqué jeudi avoir « paniqué ». Le Britannique dément avoir avoir touché la première gendarme. Et pour le second, projeté sur le pare-brise pendant plusieurs mètres, il soutient que le militaire « s’est mis en danger tout seul ». « Le gendarme a mis sa main vers le bas, je roulais lentement puis il a sauté sur la voiture. Je ne souhaitais aucun mal à personne. Je regrette de pas m’être arrêté », a-t-il dit en anglais, traduit par une interprète.

Robert Hendy-Freegard, qui se fait appeler David Hendy, sera ensuite interpellé en Belgique, après huit jours de cavale.

Des soupçons jusqu’à l’identification par le voisinage

Pendant des années, les voisins avaient alerté les autorités sur ce couple singulier qui éveillait leurs soupçons, avec une femme cloîtrée chez elle et mutique. Déterminés à mener leur propre enquête, ils s’aperçoivent en 2018 que David Hendy est en réalité Robert Hendy-Freegard et tombent des nues en découvrant le passé de leur escroc de voisin en faisant des recherches sur internet. Grâce à une série-documentaire diffusée sur Netflix, « The Puppetmaster: leçons de manipulation », ils réussissent à retrouver la trace des enfants de Sandra Clifton, qu’ils soupçonnent d’être sous l’emprise de son conjoint.

Interrogé à plusieurs reprises par la présidente du tribunal Elodie Bouteloup sur l’emprise psychologique qu’il aurait eue sur sa conjointe et les conditions de vie « très précaires » dans lesquels ils vivaient, le prévenu est apparu agacé. « Je suis poursuivi aujourd’hui pour agressions et violences sur les gendarmes, mais j’ai le sentiment de devoir me défendre sur ma relation avec Sandra », a-t-il lancé. « Sandra n’a jamais été victime de moi, jamais », a-t-il insisté. La quadragénaire est depuis retournée vivre en Angleterre.

Manipulation et contrôle

Selon l’expertise psychologique dressée au procès, le prévenu ne souffre d’aucune maladie mentale, ni déficience intellectuelle, mais présente une « personnalité pathologique qui cherche à manipuler et contrôler autrui », se positionnant toujours en victime, incapable de se remettre en question.

Au terme du procès, la maire de Vidaillat, Martine Laporte, a exprimé le souhait « qu’il soit un jour jugé pour ce qu’il a fait à Sandra Clifton ». Robert Hendy-Freegard avait dix jours, jeudi, pour faire appel.

(Avec Alix Vermande / AFP)

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