« J’étais drogué, je ne savais plus ce que je faisais ». Le procès du chauffard qui avait mortellement percuté la gendarme Mélanie Lemée en juillet 2020, s’est ouvert lundi 16 juin 2025, devant les assises du Lot-et-Garonne, à Agen. Yassine El Azizi, 31 ans, comparaît jusqu’au 25 juin pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner« .
Sans permis et sous stupéfiants
Lors de la soirée du 4 juillet 2020, l’accusé conduisait sans permis, après avoir consommé des stupéfiants. Dans son véhicule, il y a 165 grammes de cocaïne. Refusant un contrôle routier, il force ensuite un barrage de gendarmerie à Port-Sainte-Marie. Son véhicule percute alors de plein fouet, à plus de 150 km/h, Mélanie Lemée, 25 ans. Cette ex-championne de France militaire de judo venait tout juste de réussir à 25 ans l’examen d’officier de police judiciaire. Sous le choc, la jeune femme a une jambe arrachée. Elle meurt en quelques minutes.
Sous bracelet électronique
Dans la salle d’audience, une trentaine de proches accompagnent les parents et le frère de la victime. Deux portraits de Mélanie Lemée, en tenue de judokate et de gendarme, sont brandis dans l’enceinte du tribunal. Une douzaine de gendarmes assistent à l’audience, dont la moitié en uniforme. « J’étais en dépression, c’était la pire période de ma vie », déclare en fin de journée Yassine El Azizi, solide gaillard, lunettes et masque chirurgical sur le visage. « Depuis ma détention, je n’ai plus touché à aucune drogue et je ne bois plus« , assure-t-il. L’accusé a passé trois ans et demi en détention provisoire avant de se voir libérer sous bracelet électronique.
Consommation de cannabis depuis l’âge de 15 ans
Selon les enquêteurs et les experts, il consommait du cannabis depuis l’âge de 15 ans, avant de devenir dépendant à la cocaïne en 2019. Il vivait à Marseille et travaillait comme technicien en fibre optique au moment des faits. Une activité que l’accusation remet en cause, faute de documents ou de preuves concrètes. En 2017, Yassine El Azizi avait écopé de dix mois de prison, dont cinq avec sursis, pour usage et transport de stupéfiants. Puis en 2020, de quatre mois avec sursis pour conduite sans permis.
Un expert psychiatre relate : « Il dit qu’il n’est pas un monstre, ni une racaille sans coeur. Il reconnait les faits mais se défend de toute intentionnalité. Il voulait juste échapper aux gendarmes ». Pour une enquêtrice, l’accusé « a reçu une bonne éducation et n’a manqué de rien ». Auprès d’elle, il s’est présenté comme le « vilain petit canard de la famille« .
(Avec l’AFP)
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