C’est une disposition méconnue de la loi. La perte de la nationalité française, également appelée "libération des liens d’allégeance envers la France", est prévue par l’article 23-4 du code civil. Elle permet à tous ressortissants français de solliciter volontairement la perte de sa nationalité.
Une démarche qu'aurait effectué Harkati Yahiaoui, il y a 40 ans, dit-il : "sous la pression de gendarmes" et sans comprendre ce qu’il faisait. Depuis, comme l’explique le pure player Street Press, ce fils de harki devenu apatride se bat pour retrouver ses papiers.
"J’ai toujours été Français !"
Tout commence après les accords d'Evian de 1964, quand son père, supplétif de l’armée française au moment de la guerre d’Algérie, embarque pour la France avec sa famille. "J’ai toujours été Français ! Mais la vérité, c’est que depuis le début, la France ne voulait pas de nous", déplore aujourd’hui Harkati Yahiaoui. Il a 6 ans quand il arrive au camp de Chalvignac, dans le Cantal. La vie n’est pas rose pour ces rapatriés, mal accueillis par une population métropolitaine qui veut tourner la page de la colonisation.
A 18 ans, Harkati est un jeune homme turbulent et déscolarisé. Arrêté un jour par les gendarmes, son destin va basculer. Des agents lui auraient alors demandé de signer un papier. Le jeune délinquant ne sait ni lire, ni écrire. Il s’exécute pour échapper à la garde à vue. "Ce jour-là, j’ai signé une libération d’allégeance sans le savoir", raconte-t-il. C’est quand il entame quelques mois plus tard des démarches de recensement pour le service militaire qu’il comprend qu’il a renoncé, bien malgré lui, à la nationalité française.
Depuis ce jour, Harkati a entamé un long combat pour recouvrer sa nationalité. Mais un combat semé d’embûches. Selon lui, le papier qu’il a signé a disparu et toutes ses démarches restent vaines.
Il parvient à exposer sa situation à Emmanuel Macron
Habitant Maubeuge, dans le Nord, il parvient toutefois à exposer sa situation à Emmanuel Macron, lors de la visite du président à l’usine Renault de la ville, en novembre 2018. Les services de l’Etat refuseront pourtant sa demande de réintégration en raison, notamment, de son passé judiciaire. Entre 1981 et 1986, Harkati s’est en effet rendu coupable de plusieurs effractions et a purgé deux ans de détention sur une dizaine d’années.
Les mots glaçants de Claude Gorsky à un gendarme quelques minutes après avoir abattu son voisin
En juillet 2021, il a écrit une nouvelle fois au président et au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Son dernier combat? Harkati dit qu’il envisage parfois de baisser les bras. Il reste cependant actif avec l'association "Les filles et fils de harkis et leurs amis". Cette association tâche de réhabiliter la mémoire de leurs parents et de faire reconnaître les préjudices infligés à leurs familles.
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