Un décret, daté du 4 octobre 2025 et publié ce dimanche au Journal officiel, l’annonce. « Sur l’avis conforme du Conseil d’Etat, est déchu de la nationalité française » Mourad Hamid, né le 8 juillet 1996 à Charleville-Mézières (Ardennes). Il devient la quinzième personne frappée par la déchéance de la nationalité française depuis le début de l’année 2025.
Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), a précisé à L’Essor que ce trentenaire était le beau-frère de Chérif Kouachi. Ce dernier et son frère Saïd avaient tué le 7 janvier 2015 onze personnes à Charlie Hebdo, avant de se voir neutralisés deux jours plus tard par le GIGN à Dammartin-en-Goële. Pour sa part, Mourad Hamid avait tenté de rejoindre l’Etat islamique en Syrie courant 2016. La 16ème chambre du tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné le 24 juin 2019 à neuf ans d’emprisonnement, dont deux tiers de sûreté.
Trois déchéances au cours de l’été
Le gouvernement avait prononcé en août 2025 trois autres déchéances de la nationalité française visant : Zacharia Harchi, un franco-marocain de 27 ans, né au Maroc et condamné auparavant pour avoir tenté de rejoindre la Syrie en 2014; Mady Cissoko, franco-sénégalais de 26 ans, né en France et condamné pour avoir relayé la propagande de l’Etat islamique, incitant au départ pour le Djihad; ainsi que Yahya Anouar, franco-marocain de 36 ans, qui avait rejoint l’Etat islamique en Syrie de 2014 à 2015. La cour d’assises spéciale l’avait condamné à 13 ans de réclusion criminelle en 2020.
2024, année record des déchéances de nationalité
La déchéance de nationalité, prononcée ce dimanche, porte donc à quinze le nombre de ces mesures administratives pour 2025. L’année 2024 reste une année record avec 41 déchéances (contre 32 au cours des neuf années précédentes, de 2015 à 2023). À ce jour, 88 déchéances de nationalité concernent des bi-nationaux depuis 2015. Cinq visaient des femmes (quatre en 2024 et une en 2023).
Les bi-nationaux se voient ainsi déchus après des condamnations par la justice française. Les motifs de ces condamnations sont multiples. Participation à des attentats ou des tentatives d’attentat en France. Combats dans les rangs de l’Etat islamique ou d’Al-Qaïda, en Syrie ou en Irak. Tentatives pour rejoindre ces groupes terroristes, ou pour leur avoir apporté un soutien logistique et/ou financier.
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325 condamnés pour faits de terrorisme en moyenne sortent chaque année de prison
Les hommes et les femmes, se voient généralement visés par les déchéances de nationalité alors qu’ils purgent leur peine. Selon des chiffres du ministère de la Justice, obtenus récemment par L’Essor, 325 personnes, condamnées pour un ou plusieurs faits de terrorisme, quittent la prison chaque année en moyenne après avoir purgé leur peine. Au cours de cette dernière décennie (2015 à 2024), 3.256 personnes ont en effet quitté la détention après l’accomplissement de leur peine. Avec une pointe de 405 en 2018 et un étiage de 242 en 2015.
Les franco-marocains les plus concernés par les déchéances de nationalité
D’après les éléments collectés par L’Essor, les franco-marocains constituent par ailleurs le contingent le plus important de bi-nationaux privés de leur nationalité française. Loin devant les franco-turcs, les franco-algériens et les franco-tunisiens.
Pierre-Marie GIRAUD
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