La justice convoque la grand-tante du petit Grégory et envisage de la mettre en examen

Photo : Le corps du petit Grégory, 4 ans, a été retrouvé dans la Vologne en 1984 (Photo : DR).

19 juin 2025 | Société

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La justice convoque la grand-tante du petit Grégory et envisage de la mettre en examen

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Parmi les affaires les plus emblématiques, le meurtre du petit Grégory en 1984 reste à ce jour non-élucidé. Des expertises récentes auraient permis d'identifier sa grand-tante comme étant l'auteure d'une lettre de menaces envoyée aux parents par le fameux "corbeau".

Plus de 40 ans après le meurtre du petit Grégory Villemin, la justice a ordonné mercredi 18 juin 2025 un nouvel interrogatoire, d’ici « quelques mois », de sa grand-tante. Jacqueline Jacob est soupçonnée, dans cette affaire emblématique, d’avoir rédigé une lettre du corbeau. Les magistrats envisagent de la mettre en examen.

Âgée de 80 ans, elle sera convoquée en vue d’une possible mise en examen pour « association de malfaiteur criminelle », a annoncé le procureur général près la cour d’appel de Dijon Philippe Astruc, dans un communiqué. Cette audition « ne devrait pas intervenir avant quelques mois », a-t-il précisé.

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Vers une mise en examen de Jacqueline Jacob

Jacqueline Jacob, qu’une expertise en graphologie a désigné comme l’auteure d’une lettre anonyme menaçante adressée en 1983 aux parents du petit Grégory, avait déjà été interpellée en juin 2017, avec son époux Marcel. Elle avait alors gardé le silence lors de son audition. Elle avait néanmoins été mise en examen avec son mari pour « enlèvement et séquestration suivie de mort« . Mais les poursuites visant le couple avaient ensuite été annulées pour vice de forme.

Depuis, de nouvelles expertises ont eu lieu. Et la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon, qui supervise le dossier depuis 2008, a listé en début d’année tous les « éléments qui concernent Jacqueline Jacob », rapporte le procureur général, sans donner de détails.

Le parquet général a tout d’abord estimé que ces éléments « ne suffisaient pas » à la poursuivre pénalement, précise-t-il. Mais après une audience le 9 avril, la chambre de l’instruction a rendu mercredi un arrêt contraire. Elle demande à son président de « procéder à l’interrogatoire » de Mme Jacqueline Jacob. Et d’« envisager sa mise en examen sous la qualification d’association de malfaiteurs criminelle« , selon le communiqué du procureur.

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« Toute la vérité »

Les parents du petit Grégory, « Jean-Marie et Christine Villemin ont appris la décision de la cour d’appel ce mercredi avec une très forte émotion et une grande reconnaissance envers la justice », a commenté leur avocat François Saint-Pierre. « Ils participeront bien sûr à toutes les audiences et l’éventuel procès en cours d’assises pour que toute la vérité soit dite sur l’assassinat de leur enfant il y a plus de 40 ans », a-t-il encore dit à l’AFP.

En revanche, l’un des avocats des époux Jacob a estimé qu’il s’agissait d’une « non information ». Le parquet général « dit qu’il n’y a pas de charge, que ça ne vaut rien, (…) qu’il n’y a rien de neuf », a souligné Me Stéphane Giuranna. Il se dit « serein » à ce stade.

Mme Jacob « réaffirme sa totale innocence et souhaite que sa présomption d’innocence ainsi que sa vie privée soient respectées », écrivent ses trois avocats dans un communiqué. Ils rappellent que le parquet général considère « qu’aucun élément n’est de nature à constituer des indices graves ou concordants dans l’implication » de la grand-tante et soulignent « partager » cette position. Me Stéphane Giuranna, Frédéric Berna et Alexandre Bouthier « s’étonnent de la qualification de mise en examen envisagée ». L’association de malfaiteur criminelle ne figurait pas dans le code pénal au moment du meurtre de Grégory Villemin. Ce chef d’accusation avait été aboli en 1983, avant d’être réintroduit en 1986. « Il ne peut y avoir ni infraction ni peine sans qu’un texte ne les prévoie », soulignent les trois avocats.

Grégory, victime de la « vengeance » du « corbeau »

Grégory Villemin, quatre ans, a été retrouvé ligoté et noyé le 16 octobre 1984 dans la Vologne, une rivière des Vosges. Le jour-même, une lettre anonyme est adressée au père par un « corbeau » qui harcèle depuis plusieurs années la famille. « Voilà ma vengeance – Pauvre con », pouvait-on notamment y lire.

Bernard Laroche, un cousin du père, est rapidement mis en cause sur la base d’accusations de sa belle-sœur, une adolescente de 15 ans. Mais celle-ci reviendra ensuite sur ses propos. Inculpé d’assassinat et écroué, il est remis en liberté. Mais Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité, le tue en mars 1985.

La mère de Grégory, Christine Villemin, sera à son tour poursuivie, avant de bénéficier d’un non lieu. Le couple s’est ensuite battu pour obtenir une réouverture de ce dossier qui continue à passionner la France.

(Par Charlotte PLANTIVE / AFP)

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