<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Devant la commision d’enquête sur Bétharram, un ancien gendarme confirme une intervention de Bayrou en 1998

Photo : (Photo d'illustration - archives L'Essor)

10 avril 2025 | Société

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Devant la commision d’enquête sur Bétharram, un ancien gendarme confirme une intervention de Bayrou en 1998

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Droit dans ses bottes, un ancien adjudant-chef de la SR de Pau, qui a enquêté en 1998 sur les viols dans l'établissement scolaire catholique de Bétharram a confirmé jeudi devant les députés l'intervention de François Bayrou en leur administrant en même temps un cours de procédure pénale.

Un ancien adjudant-chef de la section de recherches (SR) de Pau, a confirmé ce jeudi 10 avril aux députés de la commission  d’enquête parlementaire sur l’affaire Bétharram, qu’un magistrat lui avait parlé en 1998 d’une « intervention » de François Bayrou. Cette année-là, le sous-officier enquêtait sur des faits de viol visant un religieux de l’établissement. Alain Hontangs, 71 ans aujourd’hui, avait déjà tenu ces propos à la mi-février lors de l’émission de TF1 « Sept à Huit ». Deux jours plus tard à l’Assemblée, le Premier ministre avait affirmé n’être « jamais intervenu ni de près, ni de loin », dans cette affaire.

Cours de procédure pénale autour de l’affaire Bétharram

Le 26 mai 1998, l’enquêteur de la section de recherches devait présenter au juge d’instruction le père Pierre Carricart. Un ancien élève, le premier à avoir dénoncé de tels faits, accusait de viol cet ancien directeur de l’institution catholique du Béarn, au coeur aujourd’hui d’un vaste scandale d’agressions sexuelles. Lors de son audition d’une durée de trois quarts d’heure, l’ancien sous-officier a déroulé sereinement son témoignage. Droit dans ses bottes, ce sous-officier décoré de la Médaille militaire en 1993 (à 24 ans de service),  a même administré aux députés un cours de procédure pénale.

Ce jour-là, à 14h00, le magistrat instructeur Christian Mirande, « m’attendait devant la porte de son bureau ». Il « m’a dit:  ‘La présentation est retardée, le procureur général demande à voir le dossier, il y a eu une intervention de M. Bayrou’« , assure, sous serment, l’ancien gendarme, devant les deux corapporteurs de la commission, les députés Violette Spillebout (Renaissance)
et Paul Vannier (LFI).

« Je ne suis pas le seul enquêteur » à avoir été informé d’une éventuelle intervention, précise M. Hontangs. « Dès le lendemain du reportage de Sept à Huit, un de mes ex-collègues m’a envoyé ce message : ‘J’étais au courant, le juge Mirande me l’avait raconté à l’époque' », dit-il.
Alain Hontangs ajoute avoir été « surpris » de la situation, le procureur général n’ayant pas selon lui à intervenir à ce moment de la procédure, en s’appuyant sur le code de procédure pénale.

Le juge Mirande ne confirme pas

Interrogé à son tour par la commission, le juge Mirande dit bien se rappeler que le procureur général lui avait « demandé de différer la présentation de Carricart », ce qui était « surprenant« . Mais il affirme n’avoir « aucun souvenir » d’avoir évoqué une intervention de M. Bayrou. Il a finalement mis en examen et écroué le père Carricart, avant sa libération sous contrôle judiciaire deux semaines plus tard, au regret du gendarme.

Interrogé sur cette décision, Alain Hontangs montre alors un courrier du 15 juin 1998, adressé par le procureur général de Pau à la garde des Sceaux de l’époque Élisabeth Guigou. Le magistrat lui rendait en effet compte de la remise en liberté du religieux, ordonnée par la chambre d’accusation « conformément » aux réquisitions du parquet général qu’il représentait. Tout en ouvrant la voie à des investigations complémentaires, le plaignant ayant évoqué d’autres victimes potentielles.

Le juge Mirande a déclaré jeudi qu’il n’avait pas eu connaissance de ce courrier. Une deuxième victime s’était manifestée et il en avait découvert une troisième. Le départ autorisé pour Rome du père Carricart en 1999, autre « défaillance » de la justice selon lui, puis son suicide en 2000 l’ont empêché d’aller plus loin. « C’est un dossier qui me laisse beaucoup d’amertume, beaucoup de regrets », confie l’ex-magistrat.

(avec l’AFP)

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