Sept gendarmes de la compagnie de Vichy (Allier) ont été blessés, dont trois grièvement, ce mercredi 15 mars 2023, dans l'explosion du domicile d'un homme qu'ils étaient venus interpeller sur la commune de La Chapelle. Ce dernier a été retrouvé mort dans les décombres de sa maison.
Sept gendarmes ont été blessés dont trois très grièvement à la suite d’une explosion dans le cadre d’une intervention dans l’Allier. Je leur apporte tout mon soutien.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 15, 2023
Pronostic vital engagé pour un des militaires
Les trois gendarmes grièvement blessés appartiennent au peloton de surveillance et d'intervention de la Gendarmerie (Psig) de Vichy. D'après le journal local La Montagne, ils ont été gravement brûlés lors de l'explosion. Le pronostic vital de l'un d'entre eux est engagé, a confirmé le procureur de la République de Cusset Eric Neveu. Les "deux gendarmes grièvement blessés, dont celui dont le pronostic vital est engagé, ont été héliportés vers Lyon" où se trouve un service hospitalier spécialisé dans la prise en charge des grands brûlés, indique le magistrat. Le troisième a été transféré au CHU de Clermont-Ferrand."
Quatre autres gendarmes ont été plus légèrement blessés. Membres de la brigade de gendarmerie du Mayet-de-Montagne, ils étaient à proximité de la maison au moment de la détonation. Trois d'entre eux sont entrés dans la maison encore en proie aux flammes pour porter secours à leurs camarades du Psig et les extraire du brasier.
Intention de tuer les gendarmes ?
Tous étaient venus pour procéder à l'interpellation d'un homme âgé de 38 ans, "très défavorablement connu des services de police" et déjà condamné à dix reprises, a précisé Eric Neveu. Il purgeait actuellement une peine de trois mois de "détention à domicile sous surveillance électronique", pour une "récidive de conduite sous l’emprise de stupéfiants", complète le procureur de Cusset. Sous régime probatoire, il avait notamment proféré, mardi 14 mars 2023, des menaces et des outrages envers une personne dépositaire de l'autorité publique relevant du ministère de la Justice, en l'occurrence, le personnel pénitentiaire.
Peu avant 13 heures, lorsque "les gendarmes entrent dans la maison (…) et pour une raison indéterminée, une explosion se produit", a déclaré le procureur. L'homme "attendait-il les gendarmes?, interroge-t-il. Avait-il prévu de se suicider en tuant des gendarmes? Nous ignorons pour l'heure les circonstances exactes de cette explosion mais il y avait a priori des odeurs d'essence." Suite à l'explosion, l'habitation s'est rapidement embrasée. Le toit de la maison est d'ailleurs entièrement détruit. Les sapeurs-pompiers du Sdis de l'Allier ont déployé d'importants moyens sur place, avec 57 soldats du feu et 27 véhicules.
Selon un voisin, interrogé par nos confrères de La Montagne, l'homme était régulièrement confronté aux gendarmes. Au point qu'il "se sentait harcelé", explique le témoin qui décrit un homme malgré tout serviable. Selon lui, "il aurait même dit que si (les gendarmes) revenaient, il ferait une connerie".
Une enquête pour "tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique" a été confiée à la section de recherches (SR) de Clermont-Ferrand. Treize gendarmes sont sur place pour sécuriser les lieux et les experts régionaux de l'identification criminelle sont arrivés sur place pour procéder aux investigations techniques.
Les gendarmes d'Auvergne, déjà marqués par le drame de Saint-Just
De son côté, le directeur général de la Gendarmerie, le général d'armée Christian Rodriguez, a confirmé à L'Essor s'être entretenu dès hier avec les familles des gendarmes blessés pour les assurer de son soutien et de celui de l'Institution. Dès que l'état de santé des militaires hospitalisés le permettra, il se rendra à leur chevet. Dans un message posté sur le réseau social Twitter, le général a remercié "(ses) gendarmes", ainsi que les policiers et les sapeurs-pompiers, dont "l'engagement pour la sécurité de nos compatriotes est difficile", soulignant qu'ils le "font admirablement". En attenant, au niveau local, le général Laurent Tavel, commandant de la région de gendarmerie d'Auvergne-Rhône-Alpes, s'est rendu jeudi 16 mars auprès des gendarmes de la compagnie de Vichy ainsi que des familles des gendarmes blessés.
Même si les circonstances diffèrent, ce drame n'est pas sans rappeler la mort de trois gendarmes, fin 2020, à Saint-Just, dans le département voisin du Puy-de-Dôme. Dans la nuit du 22 au 23 décembre 2020, Frédérik Limol, 48 ans, avait abattu trois gendarmes et gravement blessé un quatrième, alors qu'ils intervenaient à son domicile suite à des violences conjugales. L'homme avait mis le feu à sa maison avant l'arrivée des gendarmes. Sa compagne s'était réfugiée sur un toit et les gendarmes tentaient de lui porter secours lorsqu'ils se sont fait tirer dessus par l'homme qui avait ensuite pris la fuite avant de se donner la mort.
LP
Les zones d’ombre de la tuerie de Saint-Just
(Article publié mercredi 15 mars 2023, mis à jour jeudi 16 mars 2023 avec détails sur la situation judiciaire de l'homme décédé, témoignage d'un voisin, commentaires du DGGN et déplacement du commandant de région)
