À Hondschoote (59), dans le nord de la France, les gendarmes de la brigade de recherches de Hoymille ont démantelé un trafic d’œufs et de poussins. Leur action a permis de dénoncer un couvoir clandestin, une filière cachée avec l’Irak, de nombreuses infractions sanitaires ainsi que du blanchiment. Un million d’euros a également été saisi.
Un ressortissant belge est renvoyé devant la justice le 23 mars 2023 pour blanchiment de fraude fiscale, détournement de fonds, travail dissimulé après la découverte du couvoir clandestin sur le site d’Hondschoote, tromperie sur la nature de la marchandise, échange intracommunautaire d’animaux vivants non-conforme aux normes sanitaires, fabrication illégale de médicaments à usage sanitaire falsifié, en plus des délits douaniers pour les transferts d’argent liquide non justifiés entre la Belgique et la France.
Dénonciation anonyme
Comme l’indique La Voix du Nord, l’enquête a été initiée quand un courrier anonyme, envoyé aux autorités belges et françaises, a dénoncé avec précision des pratiques supposées illégales dans une ferme avicole, située dans la ville frontalière de Hondschoote. Ressortissant belge, le patron de cette ferme est aussi à la tête de plusieurs sociétés en Belgique avec le même type d’activités. Le signalement indiquait que la ferme "abritait une salle d’incubation clandestine. Mais aussi que des œufs impropres à la consommation étaient remis sur le marché". Plus étonnant, il était dénoncé "un circuit commercial occulte avec l’Irak". Des œufs et des poussins étaient envoyés là-bas, par camions, en toute discrétion, sans aucune déclaration, "générant des revenus en cash importants", écrivent nos confrères.
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Il remettait dans le circuit des "œufs sales"
Devant ces éléments, les gendarmes de la brigade de recherches de Hoymille ont été mandatés par le pôle financier du parquet de Dunkerque qui s’était saisi de l’affaire. En étroite collaboration avec les enquêteurs belges, les gendarmes ont œuvré avec l’appui du GIR (groupe interministériel de recherches) qui regroupe notamment l’Urssaf, les services sanitaires de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) et les services fiscaux. Les enquêteurs ont relevé que cette ferme se faisait livrer des œufs en provenance de Hongrie ou de Pologne qui étaient ensuite "réétiquetés" origine France, Belgique ou Pays-Bas, pour qu’ils soient remis sur le marché communautaire. Au passage, le patron belge aurait pris une plus-value de quelques centimes sur chaque œuf. Enfin, les gendarmes ont aussi découvert que l’homme est suspecté d’avoir récupéré des "œufs sales" et de les remettre dans le circuit de la consommation. Couverts en général de fientes, ils sont impropres à la consommation et doivent être détruits par les producteurs.
379.000 euros en cash retrouvés dans une cachette
Lors de la perquisition du domicile de ce chef d’entreprise, au printemps 2021, les gendarmes ont notamment découvert un mur pivotant au fond de la cave où se trouvait, la somme de 379.000 euros en cash. Lors de sa garde à vue, le suspect a reconnu "qu’il s’agissait d’une partie de l’argent provenant du trafic parallèle avec l’Irak. De même qu’il a reconnu la plupart des infractions reprochées", indique Amélie Le Sant, la substitute du procureur en charge du dossier. Le parquet de Dunkerque (59) a aussi obtenu la saisie, à titre provisoire, d’un bien immobilier estimé à 580.000 euros. De son côté, la justice belge a également enclenché une procédure similaire pour des faits qui se sont produits en Belgique.
En attendant son procès, l’homme n’a pas été placé sous contrôle judiciaire et peut continuer à exercer normalement son activité "car à côté des infractions qui lui sont reprochées, il y a une activité légale et réelle", indique enfin la substitute du procureur, à l’origine des poursuites.
Criminalité environnementale
En France, comme partout dans le monde, la criminalité environnementale est en progression. Les atteintes à l’environnement enregistrées par la Gendarmerie et la Police nationales ont augmenté de 7% entre 2016 et 2021. C'est ce qui ressort du dernier rapport de l'Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) –dont le chef est un gendarme: le général de brigade Sylvain Noyau– sur l'état de la menace. La criminalité environnementale, selon ce document, serait même devenue la quatrième source de revenus criminels après les stupéfiants, la contrefaçon et la traite des êtres humains. Et la première source de financement des groupes armés et terroristes… (sic)