Cinq personnes ont été mises en examen le 16 février 2023, à Paris, soupçonnées d'avoir utilisé un Imsi-catcher, dispositif d'interception des données de connexion, pour envoyer de faux SMS frauduleux de l'Assurance maladie à des assurés afin de se procurer leurs coordonnés bancaires et puiser dans leurs comptes en banque.
L'enquête a été menée sous l'égide de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) après une plainte déposée en septembre 2022 pour escroquerie par une société de télécommunications auprès de la division des opérations du commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace (ComCybergend).
Les enquêteurs soupçonnent alors une équipe d'escrocs d'utiliser, dans un véhicule circulant en Île-de-France, une Imsi-catcher, fausse antenne relais qui intercepte dans un rayon de moins de 50 mètres les données de connexion. Ce matériel sophistiqué, vendu clandestinement sur le net pour quelques dizaines de milliers d'euros, est réservé aux services de renseignement et de police judiciaire, ou aux unités d'intervention. Tous les appareils, comme les portables, équipés d'une carte SIM, étaient leurrés par cette antenne et leurs propriétaires recevaient ensuite des vrais-faux SMS au nom d'Ameli (la plateforme en ligne de l'Assurance maladie).
Au total, de septembre 2022 à février 2023, "plus de 400.000 personnes" ont reçu un SMS frauduleux, les invitant à mettre à jour leurs coordonnées bancaires en "cliquant sur un lien qui les oriente sur un site usurpant celui de l'Assurance maladie", a précisé à l'AFP, le général de division Marc Boget, commandant de la gendarmerie dans le cyberespace. Le 30 décembre 2022, lors d'un contrôle routier, des policiers ont ainsi interpellé une conductrice à Paris qui avait un Imsi-catcher dans son véhicule.
Une autre Imsi-catcher découverte dans une ancienne ambulance
Au cours de leur enquête, les gendarmes comprennent que plusieurs appareils de ce type étaient utilisés pour cette escroquerie. Un second a d'ailleurs été découvert le 14 février, dans une ancienne ambulance qui circulait dans les banlieues nord et ouest de Paris, a dit le général Boget.
Au total, six personnes ont été identifiées par les enquêteurs, dont cinq interpellées le même jour. Le 16 février, les suspects ont été mis en examen notamment pour "escroqueries et tentatives d'escroquerie en bande organisée, détention non autorisée d'un dispositif technique ayant pour objet la captation de données informatiques, et pour accès et maintien dans un système de traitement automatisé des données (Stad)", selon le parquet de Paris. Trois ont été placés en détention provisoire et deux sous contrôle judiciaire.
PMG (avec AFP)