Deux agents pénitentiaires sont décédés mardi 14 mai 2024 dans l'attaque de leur convoi pénitentiaire sur l'autoroute A154, au péage d'Incarville (Eure). Un commando muni d'armes de guerre a pris d'assaut le fourgon qui transportait un détenu entre Evreux et Rouen ainsi que le véhicule léger qui l'escortait. Le détenu a pris la fuite.
"Un convoi pénitentiaire a été attaqué dans l'Eure. Deux de nos agents pénitentiaires sont décédés, trois sont gravement blessés. Toutes mes pensées vont aux victimes, à leur famille et à leurs collègues", a dit sur X (ex-Twitter) le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.
Fusils d'assaut et voiture bélier
Le bilan provisoire de cette attaque était de deux morts et trois blessés graves, dont deux se trouvaient en urgence absolue mardi en début d'après-midi. Les agresseurs ont bloqué le fourgon avec une voiture bélier en le percutant à l'avant vers 11h00 au péage d'Incarville (Eure). Ils ont ensuite tiré au fusil d'assaut sur le fourgon et le véhicule léger qui transportait le détenu, pour le libérer.
Une vidéo, prise depuis un autocar par un passager, montre un homme tirant au fusil d'assaut en direction du convoi. Un expert judiciaire a confié à L'Essor que cette arme est vraisemblablement un fusil d'assaut MPT de fabrication turque, de calibre 5,56 mm ou 7,62 mm, selon le modèle.
Crime ignoble
"Tout sera mis en oeuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble", a déclaré le garde des Sceaux à la sortie de la cellule de crise de l'Administration pénitentiaire. "Ce sont des gens pour qui la vie ne pèse rien. Ils seront interpellés, ils seront jugés et ils seront châtiés à la hauteur du crime qu'ils ont commis", a-t-il ajouté.
Lors d'une extraction judiciaire entre Evreux et Rouen, "un homme s'est évadé et pour procéder à cette évasion, ses complices n'ont pas hésité à tirer sur les escortes à l'arme lourde", a-t-il relaté. Dans cette attaque, "deux hommes sont morts", a-t-il poursuivi, indiquant que les derniers morts dans l'administration pénitentiaire remontaient "à 1992".
L'un des deux agents était marié et avait deux enfants qui devaient fêter leurs 21 ans dans deux jours, tandis que l'autre "laisse une femme enceinte de cinq mois".
Trois autres hommes sont "gravement blessés, actuellement hospitalisés", a ajouté M. Dupond-Moretti. Le ministre devait se rendre dans l'après-midi à Caen pour rencontrer les collègues des agents pénitentiaires.
Selon nos informations, les agents appartenaient au Pôle de rattachement des extractions judiciaires (Prej) de Caen. Une unité régionale chargée des extractions judiciaires, sorties sous escorte, transferts administratifs et translations judiciaires. Les extractions judiciaires relèvent de l’Administration pénitentiaire depuis 2019, après un transfert progressif depuis 2011. Elles relevaient auparavant de la Police et de la Gendarmerie.
Chasse à l'homme
"Condoléances sincères et attristées aux familles endeuillées et aux agents du ministère de la Justice. Le plan Épervier a été déclenché. Tous les moyens sont mis en oeuvre pour retrouver ces criminels. Sur mon instruction, plusieurs centaines de policiers et de gendarmes sont mobilisés", a écrit sur X le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
200 gendarmes sont engagés, principalement des gendarmes départementaux et des motards de l'Eure, mais également des départements voisins (Seine-Maritime, Calvados, Val-d'Oise et Yvelines), ainsi qu'un hélicoptère, a détaillé une source de la Gendarmerie.
Le GIGN central, basé à Satory (Yvelines) est également engagé pour participer à la recherche du détenu évadé et de ses complices, selon la Gendarmerie, tout comme des enquêteurs de la Section de recherches de Rouen.
Investigations
Sur la jonction entre l'autoroute A154 et l'autoroute A13, au péage d'Incarville, où le trafic a été interrompu, de nombreuses véhicules de secours, de gendarmerie et de police sont stationnés. Une tente blanche a été dressée sur place et on peut apercevoir les spécialistes en identification criminelle à l’œuvre.
Un véhicule vraisemblablement utilisé par les assaillants a été retrouvé, brûlé, après l'attaque dans un sous-bois isolé de la commune d'Houetteville, à une quinzaine de kilomètres du lieu de l'attaque, a constaté le correspondant de l'AFP, sans pouvoir approcher, le périmètre étant barré par la police. Des pompiers, forces de l'ordre et d'autres techniciens en tenue blanche étaient eux aussi au travail sur place.
Le détenu en fuite est né en 1994, selon une source proche du dossier. Dans un communiqué, Laure Beccuau, procureure de la république de Paris, a annoncé avoir saisi la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) de l'enquête sur l'attaque mortelle du fourgon. L'Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) a, à son tour, été chargée par la juridiction nationale de l'enquête, notamment sur les infractions de "meurtre et tentative de meurtre en bande organisée, évasion en bande organisée, acquisition et détention d'arme de guerre et association de malfaiteurs en vue de la commission d'un crime".
(Rédaction de L'Essor, avec l'AFP)
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