Selon les informations de L’Essor, 15 gendarmes d’élite du GIGN central vont être déployés en Nouvelle-Calédonie pour renforcer les gendarmes locaux, ciblés par des tirs ce weekend et ce lundi et ceux de l'antenne GIGN (AGIGN) de Nouméa . Entre véhicules incendiés, magasins pillés et affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, des violences ont à nouveau émaillé la nuit de lundi à mardi à Nouméa, à 17.000 kilomètres de Paris, où les députés se penchent sur une révision constitutionnelle dénoncée par les indépendantistes.
Tirs sur des gendarmes dans une Nouvelle-Calédonie embrasée par la réforme institutionnelle
A l'entrée de la "capitale" calédonienne, une importante usine spécialisée dans l'embouteillage a été victime d'un incendie volontaire et totalement ravagée par les flammes aux alentours de 22H00 ce lundi 13 mai (13H00 à Paris), a constaté une journaliste de l'AFP.
Plusieurs supermarchés ont été pillés à Nouméa, mais aussi dans les villes limitrophes de Dumbéa et du Mont-Dore. Au moins deux concessions automobiles étaient également la proie des flammes vers 23H00, a aussi pu constater l'AFP.
Depuis la tombée de la nuit, gendarmes mobiles et policiers sont aux prises avec de jeunes manifestants masqués ou encagoulés, qui se sont notamment emparés de plusieurs ronds-points.
Des feux ont été allumés sur la chaussée pour entraver la circulation tandis que des tirs de lanceur de balles de défense et de grenades de désencerclement se font entendre dans toute l'agglomération.
Une réforme institutionnelle contestée
Les premières altercations avec les forces de l'ordre ont commencé dans la journée, en marge de la mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle examinée lundi à l'Assemblée nationale, qui vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales en Nouvelle-Calédonie.
Etabli en 1998 par l'accord de Nouméa, le corps électoral est en effet gelé, ce qui a pour conséquence, 25 ans plus tard, de priver de droit de vote près d'un électeur sur cinq.
Pour le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, qui a porté cette réforme constitutionnelle, cette disposition "n'est plus conforme aux principes de la démocratie".
Mais les indépendantistes critiquent à l'inverse un dégel qui risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".
Le projet gouvernemental sera soumis à un vote solennel des députés mardi après-midi.
"J'ai une pensée pour les policiers (…) et singulièrement pour les gendarmes, dont on évacue en ce moment même les familles menacées de mort par des manifestants qui ne passent pas par la démocratie, mais par la violence, le tir à balles réelles, l'intimidation et les menaces de mort", a fustigé Gérald Darmanin à la tribune de l'Assemblée lundi.
"J'espère que chacun sur ces bancs condamnera (ces violences), quelles que soient ses opinions politiques, et protégera nos gendarmes et leurs familles qui servent la République", a ajouté le ministre.
Renforts
De source policière, vingt interpellations avaient eu lieu à 00H25 en zone Police. La Gendarmerie, qui est en charge de la plus grande partie de la Nouvelle-Calédonie, faisait état en début de soirée de cinq interpellations ; 26 gendarmes ont été blessés par les heurts de la journée, dont un sérieusement à un oeil.
Dans la crainte de nouveaux incidents, le Raid, quatre escadrons de gendarmes mobiles et deux sections de la CRS 8, unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, arriveront en renfort, a appris l'AFP de source proche du dossier.
Près de Nouméa, la route qui traverse la tribu de Saint-Louis, fief indépendantiste, au Mont-Dore et qui relie le sud de l'île à Nouméa a été coupée par les forces de l'ordre, en raison de la présence de nombreux manifestants armés de pierres et de feux allumés sur la route.
Le quartier populaire de Montravel, à Nouméa, a également dû être coupé à la circulation à plusieurs reprises, de même que la voie express qui relie la ville au nord de l'île.
Dans un communiqué publié lundi, le Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie Louis Le Franc a condamné "les blocages de voies publiques qui ont lieu depuis ce matin et les nombreuses prises à partie des fonctionnaires de police et des militaires de la gendarmerie nationale".
Il a précisé avoir donné l'ordre du "déblocage progressif" des axes occupés dans la journée et demandé "que les délinquants mis en cause dans ces actions illégales soient interpellés".
La vente d'alcool et le transport d'armes seront interdits sur l'ensemble du territoire calédonien mardi et mercredi, est-il précisé dans le communiqué.