Les plaidoiries des avocats des parties civiles ont débuté vendredi 16 février 2024 devant la cour d'assises spéciale de Paris au procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, qui ont fait quatre morts en 2018.
Premier à plaider, Me Jean Reinhart reconstitue la scène dans le petit supermarché de Trèbes (Aude) où Radouane Lakdim était entré le 23 mars 2018. "Un homme aux cheveux gris dépose tranquillement ses articles sur le tapis roulant lorsque le terroriste pose son arme à l'arrière de son crâne et dit 'tiens, pour toi, c'est gratuit'", rappelle-t-il.
"Ils ont permis la réalisation du pire"
Radouane Lakdim, petit délinquant radicalisé de 25 ans d'une cité de Carcassonne (Aude), avait débuté son périple meurtrier sur un lieu de rencontre homosexuel, où il avait tiré sur deux hommes, en tuant un et blessant l'autre gravement. Parti en voiture, il avait ensuite tiré six fois sur quatre policiers faisant leur footing, avant d'arriver au Super U de Trèbes.
Là, celui qui se revendiquera de l'organisation Etat islamique avait abattu un salarié et un client, avant de prendre en otage une caissière. Le gendarme Arnaud Beltrame, qui avait pris sa place, avait été mortellement blessé.
Les sept proches de l'assaillant jugés ne le sont pas pour "complicité" de ces actes, l'enquête ayant montré que Radouane Lakdim avait agi seul. Cinq le sont pour association de malfaiteurs terroriste, deux pour des délits connexes.
"Radouane Lakdim n'a jamais agi seul", assure de son côté Me Reinhart, qui représente plusieurs victimes et proches. "Il a tué quatre hommes, froidement, sans aucune hésitation (…) parce qu'il a été porté, encouragé, ou en tout cas pas interdit par d'autres", poursuit-il, pointant la responsabilité de "celles et ceux qui ont permis, par leurs actions ou omissions, la réalisation du pire".
"Difficile d'être là"
Après lui, Me Mathieu Montfort, l'avocat de la femme du colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, a tenté d'expliquer pourquoi elle n'était pas venue à cette audience, où le nom de son mari prenait tant de place. "Pour Marielle il est difficile d'être là", dit-il, "quand on a l'impression d'être projetée dans le passé, qu'on a le sentiment de prendre trop de place, d'occulter la souffrance des autres victimes".
Me Noémie Amram-Bibas, l'avocate des quatre policiers visés, évoque elle la sobriété de leurs dépositions – "déformation professionnelle" – eux qui avaient tous cru que Radouane Lakdim "allait descendre de sa voiture pour les achever". Le policier gravement blessé et sa femme sont venus tous les jours pendant ce mois d'audience. "Ils déplorent les explications bancales et les silences arrogants de certains, mais ils sont venus pour comprendre".
Les plaidoiries des parties civiles se sont terminées lundi 19 février, avec celle de Me Franck Alberti, notamment avocat de la famille de Christian Medves, l'une des victimes tuées dans le Super U de Trèbes par Radouane Lakdim. Durant son plaidoyer, l'avocat a notamment évoqué la "fascination de l'horrible qui fascine les terroristes".
Le réquisitoire des deux magistrates du Parquet national anti-terroriste débute ce mardi 20 février en début d'après-midi, avant que le verdict ne soit rendu vendredi 23 février 2024.
(Avec l'AFP)