<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Suppression des grades honorifiques pour les réservistes citoyens

Photo : Des insignes de grades "ad honores" (honorifiques) des réserves citoyennes de l'armée de Terre, de l'armée de l'Air et de l'Espace, et de la Marine nationale. (Assemblage: L'Essor)

1 février 2024 | Société

Temps de lecture : 4 minutes

Suppression des grades honorifiques pour les réservistes citoyens

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C'en est terminé des grades ad honores ("Pour l'honneur", sans rémunération) des réservistes citoyens. La décision vient d'être prise jeudi 25 janvier 2024 par le général d'armée Thierry Burkhard, chef d'état-major des Armées (Cema), qui la justifie par des problèmes de "confusion" et d'"incompréhensions préjudiciables". "Les grades attribués à titre honorifique aux réservistes citoyens de […]

C'en est terminé des grades ad honores ("Pour l'honneur", sans rémunération) des réservistes citoyens. La décision vient d'être prise jeudi 25 janvier 2024 par le général d'armée Thierry Burkhard, chef d'état-major des Armées (Cema), qui la justifie par des problèmes de "confusion" et d'"incompréhensions préjudiciables".

"Les grades attribués à titre honorifique aux réservistes citoyens de défense et de sécurité (RCDS) et leur port induisent une confusion entre les différents types de réserves, voire avec le personnel militaire d'active, et créent des incompréhensions préjudiciables à la cohérence de l'ensemble." C'est ainsi que le général Burkhard entame la directive écrite, signée il y a seulement quelques jours. "J'ai décidé de mettre fin à l'attribution des grades honorifiques aux réservistes citoyens de défense et de sécurité agréés au sein des armées et des formations rattachées placés sous mon autorité", poursuit-il.

Un signe distinctif à l'étude

La mesure entre en vigueur à partir du 1er février 2024. Pour le moment, seuls les nouveaux réservistes citoyens seront concernés. Ceux, déjà engagés, bénéficiant actuellement d'un grade honoraire pourront le conserver jusqu'au prochain renouvellement de leur agrément."Dans l'attente de dispositions réglementaires afférentes, ils seront remplacés par l'appellation d' 'officiers de la réserve citoyenne'."

Pour remplacer ce grade honoraire, le Cema précise que "les armées et services proposeront un insigne distinctif de l'appartenance à la réserve citoyenne et le cas échéant, un marquant relatif à l'ancienneté dans la réserve citoyenne de défense et de sécurité".

Essor

Légende : L'épinglette (pin's) et les insignes de grades honorifiques des réservistes citoyens de défense et de sécurité de la Gendarmerie nationale. (Assemblage: L'Essor)

Quid des réservistes citoyens de la Gendarmerie ?

Pour l'heure, malgré plusieurs sollicitations, l'Essor n'a reçu aucune confirmation de l'application de cette directive aux réservistes citoyens de défense et de sécurité engagés auprès de la Gendarmerie. Ils échappent de fait à l'autorité du Cema et ne sont donc, a priori, pas directement concernés par cette directive. Toutefois, il se dit en interne comme au sein de la sphère de la Défense qu'un non-alignement de la Gendarmerie sur cette décision serait particulièrement malvenu…

La réserve citoyenne de défense et de sécurité de la Gendarmerie compte aujourd'hui plus de 2.100 réservistes citoyens issus de la société civile. Ces bénévoles, dont l'objectif premier est d'apporter soutien et rayonnement à l'Arme et renforcer le lien Armées-Nation, ne portent pas l'uniforme mais disposent d'un grade "ad honores", attribué en fonction du niveau d'expertise ou de l'importance de la contribution qu'ils peuvent apporter à l'Institution. Ce grade n'a qu'une valeur symbolique et ne permet en aucun cas aux intéressés d'exercer un quelconque commandement.

Aujourd'hui bien intégrée et régulièrement mise à contribution, par exemple pour des travaux de réflexion, cette composante de l'Arme compte en ses rangs nombre d'élus, des chefs d'entreprises, des médecins, des avocats et des personnalités du monde civil. Parmi elles, on trouve quelques grands noms du paysage audiovisuel français, comme le journaliste, présentateur et désormais comédien Stéphane Bern, l'humoriste Laurent Gerra, l'aventurier et ami des gendarmes de Charente-Maritime Philippe Croizon, ou l'animatrice Cécile de Ménibus. En 2018, l'Arme a failli intégrer dans les rangs de sa réserve citoyenne un personnage haut en couleurs en la personne de Francis Lalanne. Celui-ci avait d'ailleurs annoncé publiquement qu'il avait été recruté et devait intégrer la réserve citoyenne au 1er janvier 2019, avec le grade de chef d'escadron. Mais les engagements très controversés du chanteur-comédien, notamment auprès des Gilets jaunes, ainsi qu'un fort penchant pour le complotisme, ont eu raison de son agrément qui n'a finalement jamais été signé. Juste à temps !

Dans les armées, d'autres personnalités ont également reçu l'agrément d'engagement au sein de la réserve citoyenne de défense et de sécurité. C'est la cas par exemple de la journaliste de TF1 Anne-Claire Coudray, auprès de la Patrouille de France (armée de l'Air et de l'Espace) avec le grade de colonelle (RC), de sa consœur Marie-Sophie Lacarrau, également colonelle (RC) auprès de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (armée de Terre) ou du sélectionneur du XV de France Fabien Galthié, nommé colonel de la réserve citoyenne de la Légion étrangère.

Confusions entre des réserves très différentes

Parmi les arguments mis en avant par le Cema pour prendre cette décision de supprimer les grades des réservistes citoyens, la fréquente confusion avec les autres réserves est un des plus forts. Sans compter qu'une poignée de réservistes citoyens entretient l'ambiguïté en hésitant pas à revendiquer ouvertement leur grade, pourtant simplement honorifique. Au grand dam, d'ailleurs, de la grande majorité des autres réservistes citoyens et opérationnels, ainsi que des militaires d'active.

Très différentes, les réserves citoyennes et opérationnelles ne doivent pas être confondues, tout comme la réserve de "spécialistes" de la Gendarmerie, qui est une branche de la réserve opérationnelle. Celle-ci est constituée d'environ 150 personnes, toutes expertes dans leur domaine, directement rattachées à la Direction de la Gendarmerie. Il peut être fait appel à ces réservistes spécialistes ponctuellement, pour apporter des compétences de haut niveau à l'Institution. L'avocat parisien Thibault de Montbrial figure par exemple parmi ces réservistes spécialistes de la Gendarmerie, chargé d'apporter son expertise dans le domaine de l'usage des armes.

L’avocat Thibault de Montbrial rejoint la réserve des spécialistes

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