<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La bataille des nominations à la Police et la Gendarmerie, illustration de la cohabitation

Photo : Après une longue attente, les nominations des directeurs de la Gendarmerie et de la Police sont désormais entre les mains de l'Elysée. (Photo d'illustration: Archive L'Essor)

25 octobre 2024 | Société, Vie des personnels

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La bataille des nominations à la Police et la Gendarmerie, illustration de la cohabitation

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Sauf nouveau rebondissement, les nominations des directeurs généraux de la Gendarmerie (DGGN) et de la Police (DGPN) devraient intervenir au Conseil des ministres du 30 octobre 2024.

Après des semaines de brouillard, les nominations des directeurs généraux de la Gendarmerie et de la Police semblent se dessiner à l’horizon. On a en tout cas jamais été aussi proche du dénouement. Encore faut-il espérer qu’un nouveau rebondissement ne viennent pas une fois de plus repousser la prise de décision. Selon les informations de L’Essor et de plusieurs médias, le général de corps d’armée Hubert Bonneau devrait être le futur DGGN.

Depuis des semaines, les nominations stratégiques des patrons de la Police et de la Gendarmerie tardent, traduisant les tensions entre Elysée et gouvernement en cette période de cohabitation. Pourtant, officiellement, ni à l’Elysée, ni au sein du gouvernement, on n’évoque de difficultés. Au ministère de l’Intérieur, on fait valoir que Bruno Retailleau n’a été nommé « que depuis un mois » et qu’en conséquence, il n’y a pas de retard.

La plus longue période de vacance depuis 20 ans…

Mais le report de Conseil des ministres en Conseil des ministres de ces nominations exacerbe les sarcasmes. En fait, la bataille de succession a débuté bien avant la constitution du nouveau gouvernement. Frédéric Veaux (DGPN) et Christian Rodriguez (DGGN), qui ont quitté leurs postes respectifs fin septembre pour partir en retraite. Ils avaient été tous deux prolongés dans leurs fonctions jusqu’à la fin des Jeux olympiques et paralympiques.

« Le feuilleton de l’été devient celui bientôt de l’automne! », s’est amusé mercredi un haut responsable de la Police. « Si tu n’arrives pas à décider, c’est qu’il y a un problème politique », juge de son côté Grégory Joron, secrétaire national du syndicat de police Un1té. Cette période de vacance de ces deux postes est d’ores et déjà considérée comme la plus longue depuis au moins vingt ans.

Les noms officialisés au prochain Conseil des ministres

Sauf surprise et nouveau revirement, les deux successeurs seront donc nommés en Conseil des ministres le 30 octobre. Dans la situation actuelle qui s’apparente à une cohabitation, Emmanuel Macron ne décide plus seul des nominations. Pour des postes comme ceux des patrons de la Police et de la Gendarmerie, le chef de l’Etat et le Premier ministre Michel Barnier doivent, selon une règle non écrite, se mettre d’accord. La difficulté est venue en outre du fait que le ministre de l’Intérieur, mécontent, que son prédécesseur Gérald Darmanin fasse comme s’il n’avait qu’à entériner ses choix, a décidé d’auditionner lui-même les candidats et d’en solliciter d’autres.

Lire aussi : Report des nominations des patrons de la Gendarmerie et de la Police

Une longueur d’avance pour le général Bonneau

Que cela soit au sein de la Gendarmerie ou de la Police, selon les témoignages recueillis par l’AFP, la bataille a été vive. Pour la Gendarmerie, parmi les favoris figurent les généraux Hubert Bonneau (région Bretagne et zone Ouest), Xavier Ducept (Ile-de-France) et Tony Mouchet (directeur des opérations et de l’emploi). Avec une longueur d’avance pour le général Bonneau.

Du côté de la Police, la campagne a été particulièrement âpre. Le plus actif a été Alexandre Brugère, 37 ans, à l’ascension météorique. Il était le directeur de cabinet de Gérald Darmanin à Beauvau. il en est resté très proche. L’ancien ministre s’est d’ailleurs démené pour défendre son poulain auprès du chef de l’Etat. Nommé préfet en 2022, Alexandre Brugère a été titularisé fin septembre, au bout de deux ans comme prévu. Plusieurs sources proches du dossier ne croient pas en ses chances, du fait de sa proximité avec M. Darmanin. En outre, il n’est pas policier et n’a jamais exercé la fonction de préfet. Parmi les favoris figure dorénavant l’actuel préfet de l’Isère, Louis Laugier.

Nominations en cascade

Une fois ces deux postes pourvus, des nominations en cascade devraient s’égrener jusqu’à la fin de l’année, comme celle de chef de l’Ofast, l’office dédié à la lutte contre le trafic de stupéfiants, un poste vacant depuis plus d’un mois. Mais aussi nombre de nominations de préfets de départements et de région.

Il y a quinze jours, trois préfets de région ont été nommés : Jacques Witkowski, ancien préfet de Seine-Saint-Denis et … ancien officier supérieur de gendarmerie, à la tête du Grand Est; Amaury de Saint-Quentin, ancien préfet de Corse, en Bretagne; Paul Mourier, ancien directeur général du Grand Paris, à celle de la Bourgogne-Franche-Comté.

Depuis début octobre, seulement quatre nominations de préfets de département ont été annoncées : Corse, Aube, Cantal, et Côte d’Armor, alors que le mouvement attendu du fait de la mobilité doit être plus vaste.

(Avec Sylvie Maligorne / AFP)

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