Deux généraux (2S) radiés des cadres par mesure disciplinaire

Photo : Les deux généraux de brigade, en deuxième section des officiers généraux de l'armée de Terre, viennent donc d'être définitivement rayés des cadres. (Photo d'illustration)

22 avril 2025 | Société

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Deux généraux (2S) radiés des cadres par mesure disciplinaire

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Deux généraux de l'armée de Terre, considérés comme proches de l'extrême droite, viennent d'être radiés de la deuxième section par deux décrets du Président de la République, chef des armées. Une sanction qui reste rarissime.

Depuis 2021, ils étaient sous la menace de sanctions pour avoir rompu leur devoir de réserve. Deux généraux de brigade (2S) de l’armée de Terre, André Coustou (infanterie) et Paul Pellizzarri (matériel) se voient désormais radiés des cadres de la deuxième section « par mesure par disciplinaire ». Les décrets, datés du 17 avril 2025 et signés du Président de la République Emmanuel Macron, chef des armées, ont été publiés au cours du week-end pascal dans le Journal officiel.

Le premier décret concerne André Coustou, 79 ans. Cet officier général, en deuxième section depuis le avril 2001, avait cosigné une tribune, sur le blog Place d’armes, publiée ensuite en avril 2021 par l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuelles. Ce texte, surnommé « Tribune des généraux » dénonçait « le délitement de la France » et ajoutait : « Si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société ». Pour les signataires, cette situation provoquera « au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national ».

Un texte signé par 27.000 anciens militaires

Cette tribune avait recueilli, selon ses promoteurs, 27.000 signatures d’anciens militaires, dont une soixantaine de généraux. La ministre des Armées d’alors, Florence Parly, avait qualifié ce texte « d’irresponsable ». Elle avait menacé de sanctions les officiers supérieurs et généraux qui l’avaient signé, ces militaires étant sortis de leur devoir de réserve. Cette obligation s’applique non seulement aux militaires d’active mais également aux militaires à la retraite.

Début septembre 2024, l’association Place d’armes avait déjà radié le général Coustou de ses membres. Le président-fondateur de Place d’armes Jean-Pierre Fabre-Bernadac, l’avait chassé des rangs de l’association et privé de son titre de président d’honneur de l’association. Trois semaines plus tard, le général Coustou créait l’association Pro Patria (Pour la Patrie), relate l’hebdomadaire Le Pays Malouin. Ouverte aux civils et aux militaires, l’association entend « promouvoir le devoir de mémoire et la relation Armée/Nation ».

Lire aussi: Jean-Pierre Fabre-Bernadac, la plume de « la Tribune des généraux »

Plainte contre Attal, Lecornu et Séjourné refusée par la CJR

Le général André Coustou avait par ailleurs porté en plainte, il y a tout juste un an, contre le Premier ministre Gabriel Attal, Sébastien Lecornu (Armées) et Stéphane Séjourné (Europe et Affaires étrangères) devant la Cour de justice de la République (CJR). Motif: ces trois responsables avaient « livré à l’Ukraine, des matériels et armes prélevés sur le stock de la Défense nationale de façon illégale ». Une plainte rapidement refusée.

Le général Paul Pellizzari, radié des cadres de la deuxième section le même jour, s’était aussi associé à cette plainte. Il s’était interrogé sur la légitimité des décisions et leur légalité et sur les conséquences de l’envoi d’une trentaine de canons Caesar à l’Ukraine, prélevés sur les stocks de l’armée de Terre française. En deuxième section depuis octobre 2011, ce général de brigade avait également signé la tribune de Place d’armes en 2021.

PMG

Lire aussi: La proposition iconoclaste pour les banlieues de l’un des signataires de la « Tribune des généraux »    

DROIT DE REPONSE

Conformément à la loi sur la presse, nous publions ci-dessous un droit de réponse du général (RS) Paul Pellizzari

« Le 16 avril 2025, aux côtés de 67 autres militaires, M. PELLIZZARI, Général de brigade 2S, expert en logistique militaire, a fait signifier par huissier aux Présidents des deux Assemblées une résolution citoyenne symbolique demandant le respect des articles 35 et 53 de la Constitution, s’agissant de l’engagement militaire et financier de la France en Ukraine. Relayée par plus de 20 000 personnes et diverses associations, cette résolution a été officiellement déposée le 24 avril 2025 par le Sénateur Houpert et enregistrée par le Sénat sous le numéro 547. Le Gouvernement est tenu de se prononcer rapidement sur son inscription à l’ordre du jour.

Le 23 avril 2025, M. PELLIZZARI a appris par la presse la publication au Journal officiel d’un décret présidentiel du 17 avril prononçant sa radiation des cadres pour mesure disciplinaire. À ce jour, aucune notification individuelle, pourtant requise par la loi, ne lui a été adressée. 

 

Cette procédure disciplinaire, engagée en décembre 2024, ne fait pas suite à une participation à « une tribune controversée en 2021 » dont il n’est pas signataire, mais à la plainte pénale qu’il a déposé devant la Cour de Justice de la République contre messieurs Attal, Séjourné et Lecornu pour livraison illégale d’armes à l’Ukraine depuis 2022. Cette plainte n’a pas été classée sans suite mais déclarée irrecevable au mois d’avril 2024, au motif que l’infraction dénoncée léserait l’intérêt général et non l’intérêt particulier de M PELLIZZARI si bien qu’elle doit être poursuivie par le ministère public. C’est pourquoi en mai 2024, il  a mis en demeure le Procureur Général d’engager des poursuites. Ce dernier n’a pas encore répondu mais la prescription des crimes est trentenaire. 

 

Considérant sa radiation comme une mesure de représailles illégales liée à sa plainte, il entend la contester devant le Conseil d’État »

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