Le décès – le 8 mars 2023 – de Jean-Claude Pérez, haut responsable de l'Organisation de l'armée secrète (OAS), une organisation clandestine opposée à l'indépendance de l'Algérie, a été annoncé très discrètement et sans aucune référence à son passé par sa famille dans le carnet du Figaro, daté du 22 mars. Selon "la volonté du défunt, ses obsèques ont eu lieu dans la plus stricte intimité", précise l'avis de décès. Il vivait à Six-Fours-les-Plages (Var).
Son décès été confirmé à L'Essor par l'historien Francis Mézières, spécialiste de la Guerre d'Algérie et auteur du livre "Alger, 24 janvier 1960" (Editions d'Alésia, 2018) qui relate cette manifestation d'opposants à l'indépendance au cours de laquelle 14 gendarmes mobiles avaient été tués par balles par des partisans de l'Algérie française. Selon Francis Mézières, Jean-Claude Pérez avait été l'un des organisateurs de cette manifestation mais n'avait pas participé à la fusillade.
Né le 17 janvier 1928 à Bougie (aujourd'hui Béjaïa), Jean-Claude Pérez avait exercé la médecine dans le quartier de Bab-El-Oued à Alger et avait très vite rejoint les rangs des partisans de l'Algérie française à la fin des années 1950. Il avait mené à Alger la manifestation du 24 janvier 1960, premier jour de la "semaine des barricades" marquée par sept jours de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les Européens d’Algérie.
Condamné à mort puis amnistié
Au procès des barricades, Jean-Claude Pérez avait été acquitté et avait rejoint l'OAS, créée en février 1961. il y était devenu le responsable de l'Organisation du renseignement et des opérations (ORO). L'un de ses adjoints était le lieutenant Roger Degueldre, chef des commandos Delta, au sein du bureau d'action opérationnel (BAO) de l'ORO. Les commandos Delta commirent des centaines d'assassinats et d'attentats à l'explosif en Algérie et en métropole, visant des opposants à la cause de l'Algérie française, des Algériens du FLN, des policiers et des gendarmes.
En juin 1962, le docteur Pérez avait été condamné à mort par contumace et s'était installé en Espagne. Revenu en France en 1969 après l'amnistie, il s'était installé à Paris où il avait ouvert un cabinet de médecin généraliste dans le XVe arrondissement. Il avait publié de nombreuses études dans lesquelles il justifiait son action pour l'Algérie française et son rôle au sein de l'OAS.
Pierre-Marie GIRAUD