C’est, selon le ministre de l’économie Bruno Le Maire, “le choix du réarmement régalien”. La présentation du projet de loi de finances 2022, c’est-à-dire le budget de l’Etat de l’année prochaine, a comme un air de campagne électorale, à quelques mois de l’élection présidentielle. Ainsi, le gouvernement se félicite par exemple que les deux tiers des véhicules du ministère de l’Intérieur aient été “renouvelés depuis le début du quinquennat, dont 11.000 grâce à la hausse du budget 2022”.
Nous n’avons aucune leçon à recevoir des oppositions qui veulent remplacer le "quoi qu’il en coûte", efficace et juste, par le grand n’importe quoi budgétaire. pic.twitter.com/MKEBCNlZRB
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) September 22, 2021
Rénovation
Cette année, l’exécutif a en effet décidé de mettre l’accent sur les hausses de crédits qui vont bénéficier au ministère de l’Intérieur (+1,5 milliard d’euros) ou à la Justice (+700 millions d’euros). Cependant, seules les grandes lignes du futur budget ont été dévoilées. Ainsi, les nouveaux recrutements prévus –à savoir la fin du plan de création en cinq ans de 10.000 emplois dans la Police et la Gendarmerie– doivent servir à “renforcer la présence des forces de l’ordre sur la voie publique pour lutter contre la délinquance et ses nouvelles frontières (cybercriminalité, atteintes à l’environnement), les trafics de stupéfiants et les violences intrafamiliales”. Ce qui est déjà en soit un important programme.
Ce qu’il faut retenir du FIC 2021
Une partie des crédits, obtenus grâce au plan de relance, doivent également servir à la rénovation ou à des nouvelles constructions des bâtiments. Ces 400 millions d’euros destinés à la rénovation de casernes ou de commissariats, parfois en piteux état. Enfin, les crédits supplémentaires obtenus par le ministère de l’Intérieur doivent servir à financer “des projets numériques structurants” pour les services de renseignement, qui ont en ligne de mire la sécurisation de deux grands événements, la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques de 2024.
Beauvau de la sécurité
In fine, ce nouveau budget doit permettre de financer les dernières annonces d’Emmanuel Macron. Le président a dévoilé son futur programme à l’occasion de la clôture du Beauvau de la sécurité, ce cycle de conférences sur la Gendarmerie et la Police initié en début d’année.
Une piste iconoclaste pour résoudre le problème du mal-logement des gendarmes
Le chef de l’Etat, qui a demandé un allègement de la procédure pénale, a également promis de doubler dans les dix ans la présence des policiers et des gendarmes sur la voie publique. Pour les gendarmes, on se demande bien comment l’exécutif pourra tenir cet engagement alors que les escadrons et les brigadiers de départementale ne chôment pas. Sans compter l’arrêt européen sur le temps de travail qui risque encore de compliquer les choses.
Difficile également d’estimer le coût des autres annonces. L’intégration de la formation OPJ à la formation initiale va nécessiter soit un allongement du temps de formation, soit un délaissement de l’enseignement d’autres matières. L’augmentation de la réserve de l’Arme de 20.000 personnes nécessitera également des crédits.
Ses dernières propositions ne devraient toutefois pas coûter trop cher. Ainsi, la création d’un centre de formation sur le maintien de l’ordre est à priori plus destinée aux policiers – les militaires ont déjà le centre spécialisé de Saint-Astier. De même, la publication des rapports de l’IGPN et de l’IGGN et la création d’une instance de contrôle parlementaire ne devraient pas coûter un sou aux gendarmes.