Sept personnes viennent d’être mises en examen au terme d’un enquête de près de six mois sur un trafic de cocaïne entre le Brésil et la France, via l’aéroport de Roissy. Huit interpellations ont eu lieu il y a une semaine, principalement en région parisienne. Une centaine de gendarmes ont participé à l’opération.
Tout commence fin 2024, lors d’un contrôle de sûreté aéroportuaire. La section de recherches des transports aériens (SRTA) identifie un transport de cocaïne par voie aérienne en provenance du Brésil à destination de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Les gendarmes mettent en place un dispositif de contrôle en zone réservée, à l’arrivée du vol. Grâce à un chien de recherche de stupéfiants, une palette de fret est inspectée : deux cartons contenant 45 pains de cocaïne (total 50 kg), sont découverts.
De 20 à 50 kg de cocaïne sortis de l’aéroport chaque mois
L’enquête est confiée par le parquet de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) à la SRTA, avec l’appui de militaires du Groupement de gendarmerie des Transports aériens Nord (GGTAN). En raison de la complexité des investigations, l’enquête se poursuit finalement en commission rogatoire. Grâce à des techniques spéciales d’enquête, les gendarmes constatent l’ampleur du réseau actif, notamment en Seine Saint-Denis, s’appuyant sur plusieurs employés et cadres d’une société aéroportuaire. Ce réseau sort ainsi de l’aéroport 20 à 50 kilos de cocaïne par mois. Un mode opératoire méthodique, combinant manipulation du fret et extraction de stupéfiants. L’enquête démontre également un enrichissement injustifié de certains mis en cause et les mécanismes de blanchiment mis en œuvre.
Cadres et manutentionnaires
Le 3 juin 2025, une opération judiciaire d’envergure est ainsi déclenchée avec la participation de 105 militaires et de plusieurs services spécialisés. Huit personnes sont alors interpellées dans six départements (Oise, Pas-de-Calais, Seine-et-Marne, Val-de-Marne, Val d’Oise, Seine Saint-Denis). Il s’agit de cadres et de manutentionnaires d’entreprises de bagagistes. Un pistolet et des munitions, un gilet pare-balles, plus de 486.000 euros en avoirs criminels sont saisis, dont 101.605 euros en numéraire. Sans compter de nombreux vêtements et parfums de luxe, des bijoux, cinq voitures, une maison et des comptes bancaires.
« Ce dossier, commente la Gendarmerie dans un communiqué, illustre la capacité des organisations criminelles à soudoyer des agents aéroportuaires en ciblant notamment des cadres intermédiaires non connus de la justice ». Face à la menace de trafics de stupéfiants transitant par les aéroports et afin de limiter l’infiltration de ceux-ci par les trafiquants, les magistrats et les services spécialisés travaillent avec une « efficacité croissante » pour détecter les agents compromis, identifier les réseaux commanditaires et sécuriser les aéroports.
PMG
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