Le nom de Centaure sera, sans nul doute, plus vite adopté par les Français que le sigle VIPG, pour Véhicule d'intervention polyvalent Gendarmerie. Quatre-vingt-dix exemplaires de ce nouveau blindé, capable d'agir en milieux dégradés (émeutes, catastrophes naturelles ou industrielles), seront livrés d'ici à la fin de l'année 2025. L'Essor a assisté le vendredi 19 octobre à une démonstration du Centaure à Satory, sur le site du Groupement blindé de la gendarmerie mobile (GBMG).
C'est un imposant blindé de 14,5 tonnes, haut sur pattes, massif et protégé des tirs de kalachnikov AK-47 (7,62 mm). Malgré ses dimensions (3,82 mètres de haut, 7,5 mètres de long et 2,94 mètres de largeur), il fait preuve d’une surprenante maniabilité, avec sa boite automatique et son moteur de 300 chevaux. Sur les pistes du GBGM, il enchaine marches arrières et marches avant en souplesse, démantèle une barricade de voitures en quelques secondes tout en surveillant ses approches, prêt à disperser une salve de grenades lacrymogènes.
L’équipage (deux pilotes et un tireur) dispose de caméras et de capteurs pour rouler, observer, détecter et riposter. Des caméras suppléent les rétroviseurs dans les passages étroits. Des capteurs acoustiques détectent les tirs dans sa direction, identifient le calibre des balles et donnent même la position GPS du tireur. De nuit, une caméra possède une vision longue distance jusqu'à 9 km. D'autres caméras procurent à l'équipage une vision à 360 °. Le Centaure peut pousser un bus à vide de 12 tonnes ou remorquer un poids lourd de 31 tonnes sur une route enneigée. Jusqu'à 30 grenades lacrymogènes peuvent être tirées depuis le toit, une à une ou en série. Le Centaure transporte sept gendarmes mobiles et leurs équipements.
Il a connu son baptême du feu dans la nuit du 2 au 3 juillet 2023, au coeur des émeutes après la mort de Nahel, dans le quartier de la Grande-Borne de Grigny (Essonne), au sud de Paris. Les deux Centaures engagés ont aidé au repérage des émeutiers avec sa vision de nuit, détruit une barricade puis envoyé des grenades lacrymogènes depuis son toit. Un premier déploiement très satisfaisant, selon le général de brigade Christophe Daniel, commandant les 1.000 hommes et femmes du GBGM. Cette unité, dont la devise est "Parfois brutal, toujours loyal", a déjà reçu 24 des 30 Centaures qui seront déployés dans la zone de défense d’Ile-de-France. 30 autres seront affectés dans les six autres zones de défense de métropole et les 30 autres outremer (Nouvelle-Calédonie et Mayotte).
En attendant 2025, le major François Simon, encadre la formation d’une durée de quatre semaines des futurs pilotes et tireurs. Pour la première fois dans la gendarmerie mobile, les équipiers bénéficieront de sept heures d’apprentissage sur simulateurs. Installés sur une siège identique à celui du Centaure, ils s’initient à la conduite.
Des logiciels reproduisent une route neigeuse, une crevaison, une circulation plus ou moins dense. En ce mois d’octobre, 18 opérateurs sont en cours de formation.
Coût unitaire de ce concentré de puissance et de sophistication, fabriqué en Alsace par Soframe : 800.000 euros (formation et maintenance comprises).
PMG
Nouveaux blindés : le premier Centaure livré à la Gendarmerie