« Chef, pour la Nouvelle-Calédonie, que fait-on ? »…

Photo : Selon les autorités, les émeutiers seraient de l'ordre de 5 à 8.000, jeunes kanaks entre 12 et 25-30 ans...

22 septembre 2024 | Editos

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« Chef, pour la Nouvelle-Calédonie, que fait-on ? »…

par | Editos

À ce rythme, ce sera bientôt la moitié de l’ensemble de nos forces de maintien de l’ordre qui seront mobilisées outre-mer, et qui dégarniront d’autant les forces disponibles en métropole… Est-ce tenable ?

Les urgences – politiques, économiques et sociales – du nouveau gouvernement sont bien identifiées. Mais une autre vient de passer en tête : maintenir l’ordre dans nos départements et territoires d’outre-mer, et déterminer l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Le nouveau ministre de l’Outre-Mer, François-Noël Buffet, a reçu lui aussi ce matin les dernières nouvelles de Nouméa :

  • Alors que la nuit de vendredi à samedi 21 septembre s’était passée dans un calme relatif, celle de samedi à dimanche 22 septembre aura été plus mouvementée pour les forces de l’ordre déployées sur le territoire. Les gendarmes ont subi des caillassages dans plusieurs points sensibles, notamment au sud du Mont-Dore, Païta et Dumbéa, de la part de groupes peu nombreux mais très mobiles.

– La Nouvelle-Calédonie se prépare à vivre un mardi 24 septembre sous haute surveillance. Historiquement, la date correspond à la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, en 1853, au lieu-dit Balade, sur la côte est de la Grande Terre.

Pour prévenir « tout risque de débordement », les autorités ont mis en place « un dispositif de sécurité inédit et le déploiement de 6.000 policiers, gendarmes et militaires. Soit sept fois plus que les effectifs disponibles le 13 mai lors du début des émeutes », a indiqué vendredi Théophile de Lassus, directeur de cabinet du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, lors d’une conférence de presse.
En plus des forces de l’ordre, des « colonnes de déblaiement » seront prépositionnées pour détruire d’éventuels barrages. « Les espaces publics et les églises, touchées par des incendies volontaires ces dernières semaines feront l’objet d’une vigilance particulière », a précisé le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie.
Saint-Louis, fief indépendantiste au sud de Nouméa la capitale où deux hommes recherchés ont été tués jeudi 20 septembre, au cours d’une opération de gendarmerie, « fera également l’objet d’une attention particulière », selon le général Matthéos.

La Nouvelle Calédonie (270.000 habitants) concentre déjà 30% des moyens de maintien de l’ordre de toute la Gendarmerie ! 

Actuellement, ce sont 33 escadrons de gendarmerie mobile qui sont déployés sur place. Des renforts sont par ailleurs en cours d’acheminement pour porter les moyens à 35 escadrons — soit plus de 3 000 gendarmes mobiles — d’ici la fin de la semaine. D’autres pourraient suivre la semaine prochaine, en fonction de l’évolution de la situation…
(35 escadrons de Gendarmerie pour la seule Nouvelle-Calédonie, sur les 116 que compte aujourd’hui la Gendarmerie, ça signifie que ce seul territoire de quelque 270.000 habitants (en 2022) concentre déjà 30% des moyens de maintien de l’ordre de toute la Gendarmerie ! …)
Pour dégager les nombreux barrages dressés sur les routes, la Gendarmerie a aussi acheminé en Nouvelle-Calédonie une trentaine d’engins blindés, dont 14 Centaures, un récent modèle de véhicule d’intervention polyvalent. Deux hélicoptères complètent le dispositif pour tenter de rétablir l’ordre sur l’île, où les nuits restent très agitées.
Depuis plusieurs semaines, plus de 130 opérateurs du GIGN sont par ailleurs déployés sur l’île. Le service d’élite de la Gendarmerie est notamment utilisé pour sécuriser les opérations de déblaiement des routes, mais aussi pour procéder à des interpellations souvent difficiles en zone hostile.

L’indépendance au 24 septembre 2024 ?

Ajoutons que Michel Barnier et François-Noel Buffet ne peuvent ignorer que l’Union Calédonienne (UC), qui réclame l’autonomie pleine et entière depuis 1980, a choisi le 24 septembre 2025 comme date de la future indépendance. Tandis que le FLNKS, Front de libération nationale kanak socialiste, signataire des accords de Matignon en juin 1988, vient de choisir comme nouveau président le leader kanak Christian Tein, détenu en métropole, après les violences déclenchées par la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie…

Cette année, aucun mouvement indépendantiste n’appelle officiellement à manifester pour cette date anniversaire. Seuls les grands chefs coutumiers, réunis au sein de l’association “Inaat ne Kanaky”, se réuniront pour une « déclaration unilatérale de souveraineté sur les chefferies« . Un « acte symbolique et solennel », selon le président d’Inaat Ne Kanaky, Hyppolite Sinewami Htamumu, qui « permettra au peuple autochtone kanak de se détacher du système colonial« .
Les autorités s’attendent au pire…

Couvre-feu en Martinique

  • Dans le même temps, les violences et les incendies s’intensifient en Martinique. Dans cette île française des Caraïbes, où vivent environ 350.000 habitants, le couvre-feu a été décrété mercredi 18 septembre par le préfet, de 21H00 à 05H00, dans certains quartiers de Fort-de-France et du Lamentin, après des tensions s’inscrivant dans un mouvement de contestation contre la vie chère, démarré début septembre.
    La première nuit du couvre-feu avait déjà été agitée, contraignant les forces de l’ordre à « intervenir à de multiples reprises pour mettre en fuite des individus ayant tenté de piller, vandaliser ou incendier sept commerces », avait indiqué la préfecture. Onze personnes avaient été placées en garde à vue, selon le parquet de Fort-de-France
    Des renforts « significatifs » de policiers (CRS) et gendarmes ont commencé à arriver en Martinique. D’autres devraient être déployés « dans les prochains jours », avait dit le préfet mercredi.
  • À Mayotte, l’opération Wuambushu, fait face à une situation qualifiée sur place d’« insoluble ». Plus de 1.000 gendarmes sont maintenant sur place…

  • En Guyane, la lutte contre l’orpaillage illégal, l’insécurité et les trafics transfrontaliers mobilise en permanence près de 2.000 gendarmes.

Chef, que fait-on ? Dans l’immédiat et à court terme ?
À ce rythme, ce sera bientôt la moitié de l’ensemble de nos forces de maintien de l’ordre qui seront mobilisées outre-mer, et qui dégarniront d’autant les forces disponibles en métropole…

Est-ce tenable ?
C’est sans doute le dossier le plus urgent sur les bureaux du nouveau Premier ministre et de son ministre de l’Outre-mer.

Alain Dumait (Repris de la Lettre D). Avec AFP et rance-Info.

Lire aussi : Les violences en Nouvelle Calédonie continuent. Elles dégarnissent les rangs de la Gendarmerie mobile. Les récupérations, après les JOP-Paris 2024, pour les mobiles et les départementaux, n’arrangeront rien…

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