La chambre de l'instruction de la Cour d'appel vient de renvoyer au 24 novembre une décision sur un éventuel renvoi en procès de l'affaire Myriam Sakhri, cette gendarme de 32 ans, retrouvée morte dans son appartement de fonction d'une une caserne lyonnaise, le 24 septembre 2011, une balle dans le ventre, son arme de service de calibre 9 mm à ses pieds.
Début 2021, le parquet général avait requis la reprise d'une information judiciaire pour "harcèlement" et "homicide involontaire", après de nouveaux témoignages produits par la famille de la gendarme, qui n'a jamais cru à la thèse officielle d'un suicide pour raisons personnelles.
Lors de l'audience à huis clos, le même parquet général n'a pas été en mesure de se prononcer sur le fond, selon l'avocat des parties civiles, qui a en conséquence demandé, et obtenu, un renvoi au 24 novembre. "C'est un immobilisme qui peut interroger", a dit Me Vincent Brengarth. "Lorsque vous avez des gendarmes qui témoignent d'un racisme qui s'opère et que Mme Sakhri a dénoncé, avant que cela ne se retourne contre elle avec une mise à l'écart par ses collègues, cela doit interpeller".
"On est extrêmement déçus par le parquet de Lyon, qui n'a pas fait son travail", a déclaré Nadira Sakhri, soeur de la gendarme décédée, qui avait interpellé Emmanuel Macron le 12 septembre dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux.
À sa mort, un mot à ses côtés: "Merci à G. le connard!"
La version qui prévaut depuis veut qu'elle se soit suicidée après avoir appris qu'elle devrait comparaître devant un tribunal pour deux affaires liées à l'exercice de sa profession. Mais la gendarme, affectée au Centre d'opérations et de renseignement (Corg) de la gendarmerie du Rhône, service chargé de répondre aux appels d'urgence, se plaignait depuis des mois d'être harcelée par des collègues et sa hiérarchie.
Elle avait engagé un avocat pour porter plainte, et une enquête interne avait été ouverte, dont elle attendait les conclusions. À sa mort, un mot retrouvé à ses côtés, écrit de sa main – "Merci à G. le connard!" – désignait le colonel qui commandait à l'époque la gendarmerie du Rhône.
Après un premier classement de l'affaire, sa famille, dénonçant la partialité des investigations de l'IGGN, avait porté plainte, déclenchant l'ouverture d'une information judiciaire en 2012. Celle-ci a débouché sur un non-lieu en 2013, confirmé en appel en 2014 puis par la Cour de cassation en 2015.
Pour la famille et ses avocats, de nouveaux témoignages transmis à la justice démontrent qu'elle était devenue la bête noire du Corg en dénonçant les propos racistes, machistes et homophobes de certains collègues. Ils éclaireraient aussi le rôle joué par le colonel G. pour "salir" la gendarme, selon certains.
(avec AFP)
Les proches de la gendarme Myriam Sakhri espèrent relancer l’enquête sur sa mort