Deux gendarmes de la brigade de gendarmerie d’Aups (Var) ont eu la peur de leur vie lors de la nuit de la Saint-Sylvestre. Sollicités le 1er janvier 2024, aux alentours de 1h30 du matin, pour un différend familial, ils ont été accueillis par un homme alcoolisé qui a tiré des balles à blanc avec un pistolet d’alarme. Les faits ont eu lieu à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau de Collobrières, où deux gendarmes, l'adjudante Alicia Champlon, 28 ans, et la maréchale des logis-cheffe Audrey Bertaut, 35 ans, avaient succombé sous les tirs d'un homme en juin 2012
Tuerie de Collobrières, un chef face au drame
Jugé le 3 janvier 2024 par le tribunal correctionnel de Draguignan, le prévenu, âgé de 41 ans, a été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois ferme. Tout au long de son procès, l'accusé a assuré n'avoir aucun souvenir et n'a, par conséquent, livré aucune explication.
Comme l’explique Var-matin, l’incident a eu lieu dans une résidence isolée du village de Thoronet, dans le Var. Les gendarmes ont été confrontés à un individu nerveux, armé d’un pistolet d’alarme. Incapables sur le moment de distinguer si l’arme, pointée sur eux, était factice ou réelle, les deux militaires ont décidé de faire preuve de retenue et ont préféré rebrousser chemin afin de solliciter du renfort.
Une gendarme : "Il nous avait suivis et nous tirait dessus"
L’un d’eux a même cru que "c’en était fini" quand elle a chuté durant sa fuite. "On ne s’attendait pas à être pris pour cible", a expliqué une gendarme, quelques jours après les faits, à la barre du tribunal correctionnel de Draguignan. Son collègue assure, de son côté, avoir été guidé par "l’instinct de survie", quand ils ont pris la décision de s’enfuir. "On s’est baissé et on est parti en courant. On a contourné la maison du voisin et on s’est caché dans les fourrés". Selon les gendarmes, l’homme les aurait suivis dans leur fuite, avant ensuite de tirer "cinq ou six coups de feu". "Il nous avait suivis et nous tirait dessus", assure l’un des deux gendarmes. "On ne savait pas, alors, que c’était un pistolet d’alarme chargé à blanc. On est reparti en courant, on a sauté un muret de plusieurs mètres de hauteur. Le Psig (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) est arrivé".
Conséquences psychologiques pour les deux gendarmes
Arrêté avec plus de deux grammes d’alcool dans le sang, le prévenu a ensuite été placé en garde à vue à la brigade de Lorgues (Var). A l’origine, le quadragénaire passait la soirée du réveillon avec sa mère où il avait enchaîné les verres d’alcool avant de chuter et d’être soigné par un voisin avec lequel il n’entretient pas de bonnes relations. Au tribunal, s’il explique ne pas se souvenir avoir croisé les deux gendarmes le soir des faits, l’homme soutient, en revanche, avoir pris son pistolet d’alarme "soit pour tirer en l’air pour fêter le Nouvel An", soit pour faire "peur" à son voisin.
Cette version n’a pas convaincu la procureure Estelle Bois, qui évoque "une chasse à l’homme". "Il n’était pas là pour tirer en l’air. Il avait bien vu que des gendarmes étaient là, il a vu leur véhicule. Il les a suivis. Ce soir-là, il était enragé. Et aujourd’hui, il est incapable d’expliquer son geste d’une violence extrême".
L’avocat du prévenu regrette, de son côté que "que les caméras piétons des gendarmes n’aient pas été activées". "Il n’y avait pas non plus de gyrophare allumé pour signaler la présence des militaires. Il a pu croire, vu son état, que son voisin revenait à la charge".
Lors des débats, le bâtonnier Lionel Escoffier, en partie civile, a aussi salué le sang-froid et la maîtrise des gendarmes, ajoutant que "même si aucun jour d’ITT n’a été délivré, les conséquences psychologiques sont énormes". Le tribunal correctionnel de Draguignan a finalement décidé de condamner le prévenu à une peine de trois ans de prison, dont 18 mois ferme. L’homme devra aussi verser 6.000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles.