Affaire Legay : six mois, avec sursis, pour le commissaire qui avait ordonné la charge

Photo : Rabah Souchi a été nommé directeur adjoint de la police municipale de Nice en février 2024. Il est détaché de la Police nationale.

9 mars 2024 | Société

Temps de lecture : 2 minutes

Affaire Legay : six mois, avec sursis, pour le commissaire qui avait ordonné la charge

par | Société

Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné vendredi 8 mars à six mois de prison avec sursis un commissaire de police, reconnu coupable d'avoir ordonné la charge qui avait fait chuter la septuagénaire Geneviève Legay à Nice en 2019, lors d'une manifestation de Gilets jaunes. Ce n’est pas le policier qui avait violemment heurté la […]

Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné vendredi 8 mars à six mois de prison avec sursis un commissaire de police, reconnu coupable d'avoir ordonné la charge qui avait fait chuter la septuagénaire Geneviève Legay à Nice en 2019, lors d'une manifestation de Gilets jaunes. Ce n’est pas le policier qui avait violemment heurté la militante d’Attac mais sa hiérarchie qui est reconnue coupable.
Présent pour le délibéré, ce commissaire, Rabah Souchi, était poursuivi pour "complicité de violence par une personne dépositaire de l'autorité publique" pour sa gestion de la manifestation interdite, au cours de laquelle Geneviève Legay, alors âgé de 73 ans, avait été grièvement blessée.
Le tribunal a estimé que l'ordre de charger "n'était ni justifié ni proportionné ni nécessaire" et a suivi les réquisitions du parquet lors du procès des 11 et 12 janvier.
La cour s'était penchée sur les conditions dans laquelle la charge avait été lancée, dans un temps très court après les sommations d'usage, ce qui, selon l'accusation, n'avait pas laissé le temps aux manifestants de se disperser, ni aux policiers de se préparer correctement.

La direction de la Gendarmerie mise en cause

Mediapart, dès ce vendredi sur son site, a fait le récit de l'enquête de sa journaliste, Pascale Pascariello, qui a enquêté sur l’affaire Legay (pour laquelle elle a été entendue comme suspecte par l’IGPN, qui traquait les sources de Mediapart).

Au cours de son enquête, Pascale Pascariello apprend, de l'un de ses contacts gendarme, que le jour des faits, un capitaine de gendarmerie à la tête d’un escadron de 60 hommes a refusé de charger, et s’est opposé aux ordres du commissaire.
La journaliste parvient à connaître le nom de ce capitaine qui avait rédigé le compte rendu. Puis à obtenir son numéro de portable. Mais cet officier refuse de lui répondre.
Son contact initial finit par la mettre en relation avec un gendarme "très haut gradé" (sic), dont elle sait qu’il a été destinataire dudit rapport. C'est lui qui, après une longue mise en scène, lui remet, dans son bureau, le compte rendu rédigé par le capitaine, en lui disant, selon Médiapart : "Ma direction a la note mais va l’enterrer. Elle ne sera jamais transmise à la justice et personne ne saura jamais qu’elle a existé. Il n’y a que par vous que la vérité peut émerger".

Rappel : tout militaire a le devoir de refuser d'exécuter un ordre illégal ou disproportionné.

La Rédaction de L'Essor (avec l'AFP et Médiapart)

Reconversion

L'ex commissaire Souchi, 54 ans, a été depuis recruté comme directeur adjoint de la Police municipale de Nice…
Le préfet du département vient d'écrire au maire de Nice, Christian Estrosi, pour lui rappeler qu'il attend sa demande d'agrément, ainsi que l'assurance que ce nouveau directeur est bien inscrit à la formation initiale obligatoire des directeurs de police municipale…

La Lettre Conflits

La newsletter de l’Essor de la Gendarmerie

Voir aussi