L'événement est suffisamment rare pour être souligné. Ce ne sont pas un, mais deux ministres qui ont officiellement inauguré les nouveaux locaux de la brigade territoriale autonome (BTA) de Pacy-sur-Eure, lundi 15 avril 2024 en Normandie. Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, respectivement à l'Intérieur et aux Armées, représentent les principales attaches de la Gendarmerie nationale.
Est-ce toutefois le ministre des Armées, l'ancien élu Eurois ou bien l'ex-officier réserviste opérationnel qui rendait visite aux gendarmes de la brigade de Pacy? La réponse, le ministre Sébastien Lecornu l'a vite donnée lors de son discours, rappelant qu'il avait été jeune sous-lieutenant de réserve à Pacy-sur-Eure, du temps de l'ancienne brigade – confirmant au passage qu'elle nécessitait vraiment une reconstruction –, avant de prendre le grade de lieutenant de réserve et de servir auprès du Peloton de surveillance et d'intervention (Psig) d'Evreux. D'ailleurs, parmi les personnels présents pour cette inauguration, figuraient de nombreux réservistes et même quelques cadets de la Gendarmerie. Au plus grand plaisir du ministre qui n'a pas manqué de les saluer, retrouvant au passage des gendarmes d'active et de réserve avec lesquels il a eu l'occasion de servir lors de ses renforts.
Sébastien Lecornu : un réserviste de la Gendarmerie à la tête du ministère des Armées
Militarité
Le local de l'étape a su endosser sa casquette de ministre des Armées en rappelant l'état militaire des gendarmes. "Une militarité à laquelle ils sont énormément attachés", a-t-il souligné. Depuis 2009, et le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l'Intérieur, l'Institution est sous la tutelle de ce ministère qu'elle partage, entre autres, avec la Police nationale, la Sécurité civile et les préfectures. Toutefois, comme l'a rappelé Sébastien Lecornu, elle reste une force militaire. D'ailleurs, plusieurs entités de l'Arme restent directement liées au ministère des Armées, à l'image de la gendarmerie de l'Air, notamment présente sur la base aérienne d'Evreux, située à quelques kilomètres de là, ou de la gendarmerie maritime et de la gendarmerie de l'Armement.
Avec @SebLecornu, nous inaugurons aujourd’hui les nouveaux locaux de la brigade de gendarmerie de Pacy-sur-Eure. Comme voulu par le Président de la République, nous poursuivons les investissements nécessaires au renforcement de la sécurité de nos concitoyens. pic.twitter.com/SQW8D2dqdK
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 15, 2024
Nouvelle caserne
L'inauguration des nouveaux bâtiments de l'unité, qui était déjà implantée dans la commune, s'est ainsi déroulée près de deux ans après son ouverture, courant 2022. Le projet avait quant à lui débuté en 2016 avec l'étude et la délégation de la maîtrise d'ouvrage, puis le lancement des travaux en décembre 2019.
Au total, la construction de la brigade et des logements aura coûté près de 5,5 millions d'euros, financés en grande partie par la municipalité de Pacy-sur-Eure, qui a pour cela contracté un emprunt de 4,2 M€, ainsi qu'un fond ministériel (de l'Intérieur) de 754.000 euros et une dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) de 500.000 euros attribuée par la préfecture. Complices, l'adjoint au maire de Pacy et le ministre des Armées n'ont pas manqué de souligner ironiquement la contribution dérisoire de la communauté d'agglomération qui n'aura participé au projet qu'à hauteur de… 1.000 euros. La population de Pacy n'est pourtant pas la seule bénéficiaire de l'implantation de cette brigade qui rayonne sur les 35 communes de sa circonscription et cumule près de 1.500 interventions pour l'année 2023, avec près de 1.000 faits enregistrés. D'autant que la commune, équipée en vidéo-protection depuis décembre 2018, dispose également de trois policiers municipaux armés, comme l'a rappelé le maire-adjoint.
La Gendarmerie verse un loyer pour l'occupation des locaux et des 22 logements, gérés par l'agence d'habitat social « Mon logement 27 ». Une rente qui doit permettre à la commune de rembourser son emprunt. La création de ces nouveaux locaux a par ailleurs été l'occasion de renforcer l'effectif de l'unité, passant de 19 personnels en 2016 à 27 aujourd'hui.
Construite sur le site d'un ancien silo, jouxtant la gare historique de Pacy-sur-Eure, où sont encore stationnés des wagons d'époque, la caserne s'étend sur un terrain de plus de 8.000 m². Une voie d'accès a été créée pour la brigade. L'axe a été baptisé « rue du colonel Arnaud Beltrame », en hommage au gendarme héros qui avait perdu la vie lors des attaques de Trèbes et Carcassonne, en mars 2018, après s'être échangé avec une otage.
… et nouvelle brigade
Si la BTA de Pacy-sur-Eure et ses nouveaux locaux ne font pas du tout partie des 239 nouvelles brigades annoncées par le président de la République en octobre 2023, une autre unité, celle-ci nouvelle et issue de ce plan national, va être créée dans le secteur : la brigade mobile de la Vallée d'Eure. Contrairement à d'autres, cette nouvelle brigade mobile ne disposera pas d'un fourgon ou d'un camping-car aménagé en bureau mobile. Elle sera installée dans les anciens locaux de la brigade de Pacy d'ici septembre 2024. Bien qu'elle soit implantée dans des locaux de services, elle n'aura pas vocation à accueillir du public. Les bureaux et les logements ont été réhabilités par le bailleur social « Mon logement 27 » qui les a récupérés auprès du conseil départemental de l'Eure qui en était propriétaire.
Les six gendarmes qui armeront cette nouvelle brigade mobile se déplaceront quotidiennement dans les communes reculées du département pour y tenir des permanences et effectuer un travail de proximité et de contact. Ce ne sont donc pas une, mais deux unités qui seront implantées à Pacy d'ici la fin de l'année.
Essentiellement mobiles, les premières nouvelles brigades de gendarmerie entrent en activité
Soutien du quotidien
Outre ses locaux neufs, la brigade territoriale de Pacy-sur-Eure est aussi précurseur dans son organisation. Forte d'un effectif de 27 personnels (24 actuellement), elle compte parmi eux une gendarme du corps militaire de soutien (CMS – la nouvelle appellation du corps de soutien technique et administratif de la Gendarmerie – CSTAGN). Cette gendarme que rien ne distingue des autres, sinon l'absence de galons d'honneur sur ses grades d'épaule que seuls les initiés auront remarqué, a pour mission d'apporter une aide et un soutien administratif à l'unité, notamment dans tout ce qui touche aux questions logistiques et matérielles. Une tâche particulièrement chronophage dont le commandant de la brigade et son adjoint peuvent désormais s'exonérer. "Un vrai plus, souligne le capitaine Frédéric Lecourt, à la tête de l'unité. Sa présence depuis environ un an permet de se concentrer sur l'opérationnel !" Une initiative pour le moment unique dans le département, mais qui face à son succès est en cours de mise en place dans d'autres unités du groupement et qui devrait, à n'en pas douter, faire des émules ailleurs.
LP
Une nouvelle brigade pour les gendarmes de Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique)
