Ils continuent régulièrement à défrayer la chronique par leur audace, leur butin ou leur violence mais leur nombre diminue d’année en année: les vols à main armée, jadis “infraction-reine” du banditisme, poursuivent leur déclin.
Braquage de Kim Kardashian, bijouteries dévalisées dans le triangle d’or parisien, attaques de fourgon blindé en région lyonnaise ou plus fréquemment vol à main armée (VMA) dans la supérette locale font régulièrement la une des journaux mais dans une étude parue mercredi, l’Observatoire national de la délinquance et de la répression pénale (ONDRP) met en lumière une baisse “généralisée” et “progressive” du nombre de vols commis au moyen d’une arme à feu.
Le constat de l’ONDRP est nourri des données du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSM-SI) et de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO): “que ce soit d’après les chiffres fournis par l’une ou l’autre des deux sources, nous n’observons pas de choc mais plutôt une diminution quasi régulière de leur nombre depuis 2009“.
Ainsi selon le SSM-SI, 2.900 vols à main armée ont été recensés par la police et la gendarmerie en 2016 en métropole, soit une baisse de 24% en un an.
En remontant à 2009, l’ONDRP constate une baisse de 60%, “soit l’équivalent d’environ 4.000 victimes de moins“.
En se basant sur les chiffres de l’OCLCO qui varient en raison d’une collecte des données différentes, l’ONDRP constate une tendance identique. Banques, commerces et bijouteries en sont les premiers bénéficiaires. Selon les chiffres de l’OCLCO, les attaques d’établissements financiers ont plongé de 66% entre 2013 et 2016, 62% pour les tabacs-PMU, 80% pour les bijouteries, 51% pour les supérettes.
La baisse est moins marquée pour les particuliers, avec une diminution de 31%. Bémol, sur la même période, seules les Antilles et la Guyane enregistrent une “nette augmentation” du nombre de VMA.
“Cet effondrement va-t-il se poursuivre ou va-t-on atteindre un palier?” s’interroge Christophe Soullez, chef de l’ONDRP. “Nous sommes sur un étiage très bas mais en matière de délinquance, il est difficile de faire des prédictions“, observe Pascal Lalle, directeur central de la sécurité publique (DCSP).
“Les banques se sont beaucoup protégées ces dernières années et nous recueillons le fruit du travail de prévention réalisé avec les commerçants“, fait valoir M. Lalle. “Il y a aussi l’action des patrouilles en sécurité publique, avec par exemple le plan anti hold-up“, activé pendant la période des fêtes. “Le braqueur de +proximité+, le braqueur de supérette n’est pas le même que celui qui va attaquer un fourgon blindé mais le but est identique: faire de l’argent“, avance le patron de l’OCLCO, Frédéric Doidy.
Sas de sécurité, liasse de billets piégés, vidéo-protection, système de caisse avec un faible fonds de roulement mais aussi durcissement des modalités de revente de métaux précieux et plus largement limitation du paiement en espèce et recours accru aux cartes bancaires sont devenus autant d’obstacles pour les braqueurs. “Il y a de moins en moins de fonds disponibles au moment du braquage et des systèmes de sécurité toujours plus développés“, complète un cadre de la Police judiciaire (PJ).
Dans le haut du spectre, “les malfrats d’envergure vont se reconvertir dans des activités plus lucratives“, avance M. Doidy, qui pointe du doigt les trafics en tout genre et plus particulièrement celui de stupéfiants. Avec à la clef en cas de “pépin” des peines moins lourdes car s’il n’est pas correctionnalisé, le “VMA” reste un crime passible des assises et “les juridictions ont souvent la main lourde“, rappelle-t-on côté PJ.
Parallèlement, la cybercriminalité se développe: captation des données à distance, débit frauduleux sur la carte bancaire… L’archétype du malfaiteur du XXIe siècle tiendra peut-être davantage du geek que du voyou encagoulé montant au “braquo” arme au poing.
AFP
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