Le coût du service d’ordre d’un match de l’Olympique lyonnais (OL, Ligue 1) s’est retrouvé au centre d’un procès pour dénonciation calomnieuse opposant deux hauts fonctionnaires de police, mardi soir devant le tribunal correctionnel de Lyon.
En février 2012, le commissaire divisionnaire Michel Garnier, 65 ans aujourd’hui, avait accusé son supérieur hiérarchique d’avoir minimisé les factures adressées au club de football, dans une longue lettre au procureur de la République comportant de nombreux autres griefs.
Après enquête de l’IGPN et classement sans suite, il a été poursuivi pour dénonciation calomnieuse par son ancien patron, Albert Doutre, qu’il accusait d’avoir reçu des cadeaux, comme des bouteilles de vin, en contrepartie de ses sous-facturations.
Le parquet a requis à l’encontre de M. Garnier 18 mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve de trois ans comportant une obligation de soins, ainsi que 15.000 euros d’amende afin de “rembourser à l’État l’enquête déclenchée par son courrier“.
Parmi de nombreuses assertions, il y affirmait que la direction départementale de sécurité publique (DDSP) ne respectait pas le décret sur la mise à disposition de policiers dans le cadre d’un périmètre d’accès protégé (PAP) comme le stade de l’OL.
Des notes internes, versées au dossier, ont confirmé que le coût moyen d’un match était passé de 17.804 euros en 2009 à 14.368 euros en 2012, soit une baisse de 20%.
Pour une rencontre de coupe d’Europe entre Lyon et l’Ajax Amsterdam en novembre 2011, la police avait facturé 45.797 euros au club lyonnais alors que le coût réel était de 66.932,27 euros.
“J’ai fait faire des factures qui ont été revues à la baisse, j’ai bien vu que ça allait poser des problèmes“, a témoigné à la barre Patrick Pisani, 61 ans, ancien chef de l’état-major du service d’ordre public et de sécurité routière (SOPSR) local.
Trois autres policiers, dont l’actuel chef de la brigade anticriminalité de Lyon Valéry Pastor, ont confirmé que des prestations, comme l’emploi d’une unité de CRS, la pose de barrières ou encore l’utilisation d’un hélicoptère, n’étaient pas prises en compte.
Un procédé parfaitement assumé à l’audience par le contrôleur général Albert Doutre, aujourd’hui à la retraite. Selon l’ancien directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Rhône, en poste de 2010 à 2015, une convention signée entre la préfecture et l’OL prévoyait en effet la mise à disposition par le club de stadiers, dont le nombre et les horaires pouvaient augmenter à la demande des services d’ordre pour libérer des effectifs.
“Cette convention a permis de réguler les rapports avec l’OL et d’être économe en termes de services de police“, a justifié M. Doutre, qui “assume un lissage de la facturation” “dans un rapport gagnant-gagnant“. “Qu’on puisse dire qu’il s’est fait acheter pour un plat de lentilles en échange de sa conception du service public, c’est honteux“, a dénoncé son avocat, Me Jean-Félix Luciani, rappelant que le commissaire Garnier était mal placé pour jouer “le chevalier blanc puisqu’il a été condamné pour l’utilisation de personnel et de fichiers de police pour des motifs privés“.
“Il y a bien eu des bidouillages, au centre de son courrier au procureur, il y a l’OL“, a plaidé en défense Me Frédéric Doyez, pour qui le parquet n’a pas voulu rechercher la vérité “pour éviter les vagues“.
Jugement le 21 novembre.
AFP
L’article Les factures de sécurité de l’Olympique lyonnais au cœur d’un procès entre policiers est apparu en premier sur L'Essor.