L’ex-patron de la lutte antidrogue François Thierry, mis en examen la semaine dernière pour complicité de trafic de stupéfiants, est visé par une procédure disciplinaire où il risque de perdre son habilitation d’officier de police judiciaire, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
Comme l’a révélé le journal Le Monde, la procureure générale auprès de la cour d’appel de Paris, Catherine Champrenault, a engagé “une procédure disciplinaire de retrait d’habilitation d’officier de police judiciaire” à l’encontre de l’ex-n°1 de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis), a confirmé à l’AFP une source judiciaire.
“L’ensemble des éléments, portés au fil du temps à sa connaissance depuis le début de l’affaire, ont fini par la convaincre d’engager cette procédure“, dont a été informé le commissaire mercredi, a expliqué cette source.
François Thierry a été mis en examen le 24 août pour complicité de trafic de stupéfiants en bande organisée par les juges d’instruction qui enquêtent sur la découverte de 7 tonnes de cannabis dans des camionnettes stationnées dans le XVIe arrondissement de Paris, le 17 octobre 2015.
Le commissaire, qui a été muté depuis à la sous-direction antiterroriste (Sdat), était ressorti libre de son audition, sans être placé sous contrôle judiciaire, alors que le parquet avait demandé une interdiction d’exercer des fonctions en lien avec la police judiciaire.
“La démarche de la procureure générale qui consiste à être solidaire du parquet montre à quel point il y aurait urgence à ce que ce dossier ne soit plus instruit à Paris“, a réagi auprès de l’AFP l’avocat du policier, Francis Szpiner, qui dénonce un parquet “juge et partie“.
La justice reproche à François Thierry d’avoir favorisé l’entrée de la drogue en France pour influer sur la lutte antidrogue, et d’avoir dissimulé aux magistrats, notamment le parquet de Paris, le rôle central d’un indicateur de premier plan de l’Ocrtis, connu comme un trafiquant notoire.
Sa défense plaide que le parquet était au courant des méthodes de l’Office. Catherine Champrenault doit désormais recevoir le commissaire pour “recueillir ses explications“, “probablement dans la seconde quinzaine de septembre” avant de prendre sa décision, selon la source judiciaire.
Les officiers de police judiciaire sont placés sous la surveillance du procureur général qui a le pouvoir dans son ressort d’attribuer mais aussi de retirer leurs habilitations. Dans l’hypothèse d’un retrait, un recours est possible devant la Cour de cassation, mais il n’est pas suspensif.
Avec AFP
L’article Vers un retrait d’habilitation d’officier de police judiciaire pour l’ex-patron de la lutte antidrogue ? est apparu en premier sur L'Essor.