Victimes d’un phénomène de mode, les malinois et les american staff figurent parmi les chiens les plus abandonnés. Ces chiens actifs et très physiques nécessitent en effet une présence et un encadrement de tous les instants de leur maitre. Faute de quoi, ils deviennent invivables pour leur maitre et les voisins. On les retrouve alors à la porte d’un refuge de la Société protectrice des animaux (SPA) ou attachés à un arbre dans un jardin public ou une forêt.
Conventions avec la Gendarmerie et avec la Police
Président de la SPA depuis 2018, le général Jean-Charles Fombonne, ex-patron du Centre national de formation à la police judiciaire (CNFPJ) de la Gendarmerie, propose alors à l’Arme qu’elle adopte des chiens abandonnés. La Gendarmerie va ensuite les dresser pour la détection des explosifs, des stupéfiants, des billets de banque ou pour suivre une piste. Pour encadrer ces adoptions, la SPA et la Gendarmerie ont signé une convention en 2021. En 2022, la Police nationale a également passé une convention avec la SPA. Des pourparlers sont en cours entre la SPA et la SNCF et l’armée de Terre. En 2023, trois chiens ont été ainsi adoptés par la Gendarmerie, deux par la Police, trois par des polices municipales et un pour l’Armée de l’Air.
Des critères très stricts
Pour qu’un chien puisse rejoindre les rangs de la Gendarmerie, les critères sont très stricts. Les chiens doivent être âgés de moins de 18 mois. Ils passent ensuite des tests physiques et comportementaux. Sur cent malinois, explique à L’Essor le général Fombonne, 5% seulement passent les filtres.
Il raconte l’histoire de l’adoption de Flash, il y a trois ans au refuge de Tulle (Corrèze). Ce petit malinois très nerveux avait du être capturé dans la rue par la police municipale à l’aide d’une perche munie d’une laisse. Les soigneurs du refuge de Tulle multiplieront les manoeuvres pour pouvoir pénétrer dans sa cage afin de le nourrir. Un gendarme a ensuite emmené le malinois à Gramat (Lot), à 70 km de là, base du Centre national d’instruction cynophile de l’Arme. Flash a été dressé par son nouveau maitre puis intégré à une unité de Gendarmerie. Chaque année, le centre forme des maîtres-chiens et des chiens de toutes races dans une vingtaine de spécialités: assaut, pistage, détection d’explosifs et de munitions, de billets de banque, de stupéfiants…
Jaffar, la nouvelle mascotte du GIGN
Début octobre 2024, lors de la célébration de la Saint-Michel, patron des parachutistes, le GIGN a officiellement présenté sa dernière recrue. Jaffar, 4 ans, un jagd terrier (fox-terrier de race allemande) a été adopté par l’unité au refuge de la SPA de Plaisir (Yvelines). Ce canidé avait été abandonné auparavant à sept reprises. Son nouveau maitre, le maréchal des logis-chef S., l’a pris en main et dressé à la recherche d’explosifs. Désormais loin de ses galères passées, Jaffar travaille sur des missions au profit du Président de la République. C’est aussi la mascotte du GIGN.
206.000 donateurs fidèles
La SPA recueille tout au long de l’année des milliers de chiens, de chats, de lapins, de hamster et de chevaux dans ses 63 refuges. Ils sont stérilisés, vaccinés, abrités, nourris et éduqués et socialisés avant d’être proposés à l’adoption. 750 salariés travaillent à la SPA, aidés par 5.000 bénévoles. Le budget annuel de l’association, créée il y a près de deux siècles, s’élève actuellement à 100 millions d’euros, alimenté par 206.000 fidèles donateurs. 2.500 chiens sont abrités à la SPA. Elle confie chaque année à l’adoption 15.000 chiens et 30.000 chats.
Pierre-Marie GIRAUD
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