Sept mois après le lancement de l'offensive russe en Ukraine, marquant le début d'un conflit sanglant, la Gendarmerie poursuit son travail d'investigations dans le cadre du dossier sensible des crimes de guerre présumés. Un travail qui se déroule à la fois depuis la France et sur le sol ukrainien.
À Paris, dans les bureaux de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, les crimes de haine et les crimes de guerre (OCLCH), une cellule dédiée a été créée. Composée d'une dizaine d'enquêteurs spécialisés, elle est actuellement chargée de sept enquêtes, ouvertes en France notamment par le Parquet antiterroriste de Paris, qui concernent des faits commis en Ukraine et impliquent des ressortissants français. Le général de brigade Jean-Philippe Reiland, à la tête de l'office depuis août 2020, a précisé à l'AFP que cinq de ces enquêtes ont été ouvertes depuis l'invasion russe en février 2022. Parmi elles, celles liées aux décès du caméraman franco-irlandais de Fox News Pierre Zakrzewski, tué le 14 mars à Horenka, au nord-ouest de la capitale ukrainienne, et du journaliste français de BFM TV Frédéric Leclerc-Imhoff, tué le 30 mai alors qu'il suivait une mission humanitaire dans l'est du pays. Les deux autres enquêtes concernent des faits plus anciens qui ont eu lieu dans la région ukrainienne du Donbass.
Outre les investigations sur les soupçons de crimes de guerre impliquant des français, cette cellule est aussi chargée de traiter les mains courantes déposées par des réfugiés ukrainiens dans les commissariats de police ou les brigades de gendarmerie. Des formulaires en différentes langues sont d'ailleurs à disposition dans ces unités qui accueillent du public, pour aider les plaignants. L'objectif est ainsi de recueillir et centraliser les témoignages de réfugiés ukrainiens., afin d'alimenter les enquêtes, qu'il s'agisse de celles menées par la France, par la Cour pénale internationale ou encore celles des Ukrainiens.
Une nouvelle équipe d'experts sur le terrain
Sur le terrain, en Ukraine, la France poursuit son appui aux autorités judiciaires locales et internationales avec l'envoi d'experts de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN). Ainsi, du 12 au 16 septembre 2022, le général Reiland a accompagné le procureur antiterroriste français Jean-François Ricard dans la région de Kiev, où ils ont assisté aux investigations des autorités judiciaires ukrainiennes demandées par la justice française pour faire avancer ses enquêtes.
Quelques jours plus tard, mardi 27 septembre, la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna s'est rendue elle aussi en Ukraine pour y rencontrer le président Zelensky. Et a profité de son déplacement pour accueillir la nouvelle équipe de gendarmes de l'IRCGN "qui contribue à l’identification des victimes et à la collecte de preuves des crimes commis dans la région de Kharkiv, et notamment à Izioum", comme l'indique le communiqué ministériel.
Les enquêteurs de la @Gendarmerie nationale viennent d'arriver en #Ukraine, @MinColonna les a présentés au Procureur général @AndriyKostinUa. Ils seront déployés dès demain dans la région d'#Izium.
La France est aux côtés de l’#Ukraine dans la lutte contre l’impunité@GDarmanin pic.twitter.com/z7faQgyje4
— France Diplomatie🇫🇷🇪🇺 (@francediplo) September 27, 2022