Cette évolution était attendue, personne n'ayant été mis en examen dans cette affaire emblématique.
La décision finale sur un éventuel non-lieu ou une relance des investigations revient désormais aux juges d'instruction chargés du dossier.
"Au terme d'un réquisitoire particulièrement exhaustif de 71 pages, le parquet a donc conclu, à la lumière des investigations menées, à l'absence de quelque charge que ce soit à l'encontre des gendarmes", se sont félicités dans
un communiqué à l'AFP les avocats des gendarmes, Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac-Kollarik.
D'après eux, "ces réquisitions extrêmement motivées n'ont laissé aucune zone d'ombre pour aboutir à leur mise hors de cause".
Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans, est décédé le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise au terme d'une course-poursuite, un jour de canicule où la température avait frôlé les 37°C.
L'enquête a donné lieu à une longue bataille d'expertises contradictoires entre les parties.
La famille de la victime accuse les militaires d'avoir pratiqué un "plaquage ventral", s'appuyant sur des déclarations initiales de l'un des gendarmes selon lequel Adama Traoré "a pris le poids de nos corps à tous les trois" lors de son arrestation.
Ils accusent aussi les gendarmes de n'avoir pas porté secours au jeune homme.
Adama Traoré avait eu un malaise dans leur véhicule avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Il avait été laissé menotté jusqu'à l'arrivée des pompiers.
Selon un rapport rendu en janvier 2021 par quatre experts belges, confirmé en août 2022 par un complément d'expertise, son décès a été causé par un "coup de chaleur" qui n'aurait toutefois "probablement" pas été mortel sans son interpellation par les gendarmes, qui avaient menotté le jeune homme alors qu'il se débattait allongé sur le ventre.
Les trois gendarmes ayant procédé à l'arrestation ont été placés en novembre 2018 sous le statut intermédiaire de témoin assisté au titre de l'infraction de non-assistance à personne en péril.
(Avec AFP)
Le Défenseure des droits a demandé des poursuite contre les trois gendarmes :
Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille d'Adama Taoré, a dénoncé mercredi un "parquet politique" et "incompétent"
après les réquisitions de non-lieu dans l'enquête sur la mort en 2016 de ce jeune homme noir après son interpellation par des gendarmes.
"Dans cette affaire, l'avis de circonstance d'un parquet politique ainsi que l'ordonnance qui sera rendue par un magistrat instructeur partial qui donne l'impression de vouloir prononcer un non-lieu avant même d'avoir lu le dossier, n'ont aucune incidence", a affirmé Me Bouzrou dans un communiqué.
"Seuls des magistrats de degrés supérieurs (de la cour d'appel, et d'autres juridictions le cas échéant), seront en capacité d'apprécier cette affaire", soutient-il, semblant anticiper le prononcé futur d'un non-lieu dans ce dossier.
Pour lui, le ministère public, "qui a montré toute son incompétence dans ce dossier", a rendu "des réquisitions de circonstance pour des raisons purement politiques, en écartant toutes les règles élémentaires de droit".