Évoquant par exemple les nouveaux matériels mis à disposition des gendarmes et des policiers, Gérald Darmanin a fait un rappel à l’ordre –tel à un pion…– sur l’emport systématique des caméras piétons dont sont désormais équipés tous les commissariats et les brigades de gendarmerie:
“Les caméras piétons sont faites pour être portées. J’ai constaté (…) que tous les chefs n’avaient pas fait porter les caméras piéton aux policiers et aux gendarmes, nous privant ainsi de preuves évidentes pour montrer que les policiers et les gendarmes respectent la déontologie et respectent les règles de la République”.
S’adressant toujours aux chefs des gendarmes et des policiers dans les départements, le ministre a ajouté:
”Je crains que la prochaine fois que je ne vois pas de caméras piétons portées par les effectifs, même de nuit, ce ne soit pas seulement le gardien de la paix ou le gendarme de brigade qui trinquera!” “Ces caméras que nous vous avons livrées ne servent à rien dans les brigades territoriales et dans les remises des commissariats!”
D’où la question du mois que L’Essor a posé à ses lecteurs :
"Le lundi 12 septembre le ministre de l’Intérieur a convoqué et recadré du haut du perron de son Hôtel de Beauvau les commandants de groupement de la Gendarmerie. Pensez-vous qu’il était dans son rôle ?"
Résultats de la question du mois d'octobre
Était-il dans son rôle ?
- Oui : 40,4%
- Non : 57,5%
- Ne sais pas : 2,1%
Une sélection de vos riches et nombreux commentaires…
◆ Avant de se permettre de recadrer des commandants de groupement, il faut être exemplaire, et c’est loin d’être le cas… La politique, tant en matière de gestion des moyens et des personnels (Gendarmerie et Police), est particulièrement défaillante ; et la sécurité s’effondre, état de fait lié à l’impéritie de ceux qui sont aux manettes. Seuls les DGGN et DGPN sont en mesure de recadrer leurs personnels…
◆ Un chef crédible n’a pas besoin de ce type de comportement. Un vrai chef (opérationnel et apprécié) ordonne, et le personnel exécute.
◆ Faire convoquer nos hauts gradés en période d’économie pour se faire gronder comme des enfants ne me semble pas approprié. Et, concernant les caméras-piétons…, nous cherchons à apporter la preuve de nos déclarations, qui ne suffisent plus pour constater une infraction. Sommes-nous toujours assermentés?
◆ Les hauts gradés de la Gendarmerie ne doivent pas être traités comme des «scolaires». Un peu de respect, Monsieur le ministre, si vous voulez vous-même être respecté…
◆ Nous sommes des militaires. Si des «remarques» doivent être faites aux commandants de groupement, elles doivent l’être par le Directeur de la Gendarmerie, et non pas par le ministre de l’Intérieur.
◆ Le public a besoin des gendarmes et des policiers auprès de lui, face à la petite délinquance qui se libère post-Covid. Et les caméras sont aidantes pour faire comprendre à la population qui se radicalise que les forces de l’ordre font respecter la loi, et le font correctement, preuves à l’appui.
◆ La publicité accordée à cette «communication» répond à des visées de politique intérieure. Elle ne peut que décrédibiliser l’autorité des chefs, s’il en reste encore une parcelle.
◆ Les caméras ont été demandées par les forces de l’ordre et sont un outil pour prouver le comportement des personnes interpellées. Les porter me semble donc évident.
◆ Il ferait mieux de s’attarder sur les suites judiciaires envers les délinquants. Ce petit personnage fait du paraître.
◆ Un rappel concernant l’emport du matériel livré, quand on voit que de nombreux commandants demandent à ce que les nouveaux moyens ne soient pas utilisés pour ne pas les user… Pour les heures de service externe, il faudrait augmenter les effectifs dans les vraies unités de terrain, c’est-à-dire les brigades. Les heures d’enquête se font de plus en plus rares. Nous rencontrons davantage de cas où de simples délits se transforment en crime par manque de temps d’enquête.
Commentaire du directeur de L'Essor
En convoquant les commandants de groupement de la Gendarmerie et les chefs départementaux de sécurité publique (Police nationale), le ministre de l’Intérieur a-t-il renforcé l’autorité de ces responsables? Non, évidemment! C’était donc une erreur! Indépendamment du discours tenu, et même des remontrances prononcées…
C’est pourtant un principe élémentaire du management: toujours couvrir ses subordonnés. Même avant de s’en séparer…
A.D.