On ne l’attendait pas sur ce terrain là. Emmanuel Macron a remis la question de la transposition en France de la directive européenne du temps de travail sur le tapis, ce mercredi 18 octobre, lors de son discours aux forces de sécurité intérieure. A l’Elysée, devant les cadres, le président de la République a déroulé pendant une heure et demie son projet pour lutter contre la délinquance et le terrorisme durant son quinquennat. Un exercice rare – le seul précédent connu date de la présidence de Nicolas Sarkozy -, où le chef de l’exécutif a alterné entre et « engagements ».
Application de la directive européenne 88/2003 : @GendXXI va dialoguer avec la DGGN et la Commission européenne dans le cadre de sa plainte— GendXXI (@GendXXI) 18 octobre 2017
Les thèmes abordés ? Lutte contre le terrorisme, police de sécurité au quotidien, lutte contre l’immigration irrégulière…. La parole présidentielle s’est longuement attardée sur ces chantiers prioritaires. Puis, de manière inattendue, le président de la République a haussé le ton sur la question épineuse de la transposition de la directive européenne sur le temps de travail.
« Sur ce sujet, du temps de travail, je dirai aussi très clairement que ma détermination est complète pour que, aussi bien la Gendarmerie que le ministère des Armées, ne soient pas concernés par la directive bien connue, annonce Emmanuel Macron. Les choses sont claires, notifiées à qui de droit, et seront portées jusqu’à leur terme. »
La suite du discours du président est alors couverte par un léger brouhaha, signe de la surprise des cadres de la sécurité intérieure présents sous les ors de l’Elysée. Avant son élection, le futur président avait seulement promis l’ouverture de « discussions » pour que l’application de cette directive « ne porte pas atteinte au potentiel opérationnel ».
Une dégradation de 6% des capacités
Justement, au printemps, le directeur général de la Gendarmerie nationale Richard Lizurey estimait déjà que la transposition de cette directive avait dégradé de la capacité opérationnelle de l’Arme, à la suite de la mise en place, depuis septembre 2016, d’une instruction accordant à chaque gendarme onze heures de repos par tranche de vingt-quatre heures. Et ce n’est pas fini. La France doit encore transposer totalement cette directive européenne, d’ici la fin de cette année 2017. Ce texte européen limite le temps de travail à 48 heures par semaine. Soit, pour le patron des gendarmes, une potentielle dégradation supplémentaire de 3 % des capacités opérationnelles de l’Institution.
Ce n’est pas le seul sujet sur lequel le président de la République affiche sa fermeté. Pour les mutualisations entre Police et Gendarmerie, là aussi, dans la ligne droite des premières annonces de l’exécutif, Emmanuel Macron semble déterminé à avancer. Optimisation des moyens, chasse aux doublons, allègement des états-majors en administration centrale, réorganisation de la chaîne logistique…:prévient Emmanuel Macron. Affaire à suivre.
Gabriel THIERRY.
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