En Martinique d’abord, puis en Guadeloupe, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé de nouveaux moyens humains et matériels pour lutter contre le narcotrafic et la délinquance. Ces territoires des Antilles françaises sont devenus l’une des principales portes d’entrée et de transit des trafics de drogue selon le ministre. Il parle d’ailleurs de « tsunami blanc », faisant ainsi écho à l’arrivée de cocaïne principalement par voie maritime.
La lutte contre le narcotrafic reste l’une des priorités du ministre. Et les territoires ultramarins n’échappent pas au fléau. Sans compter les violences induites par ces trafics et la consommation de stupéfiants. « La Martinique, comme l’Hexagone, souffre. (…) Il y a un tsunami blanc qui déferle sur la France et aucun des territoires n’est épargné », a déploré devant la presse le ministre de l’Intérieur.
Des moyens supplémentaires pour la Martinique
Aussi, un second escadron de gendarmes mobiles va ainsi être pérennisé sur l’île et une nouvelle brigade nautique, qui comprendra une cellule judiciaire d’investigation, va être créée, a dévoilé le ministre. Celui qui est aussi le patron des Républicains a également annoncé « un renfort significatif pour la filière investigations de l’Ofast (Office anti-stupéfiants) de 26 personnes », dont « un tiers sera destiné à la Martinique ».
« Quand un territoire subit les assauts de ces semeurs de morts que sont les trafiquants, il faut que l’Etat soit là », avait justifié jeudi le ministre devant la presse, lors d’une réunion à la base navale de Fort Saint-Louis, à Fort-de-France. Vendredi, il devait rencontrer Serge Letchimy, président de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), en vue de signer une convention de financement pour l’installation de deux scanners à ondes millimétriques à l’aéroport de Fort-de-France.
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Des moyens également pour la Guadeloupe
Outre le renforcement des effectifs de l’Ofast, qui doit également bénéficier à la Guadeloupe, M. Retailleau a également annoncé l’inauguration d’un « laboratoire d’analyse balistique » sur l’île papillon. Il permettra « d’économiser huit à dix mois d’enquêtes ». Jusqu’à présent, c’est en effet le laboratoire de l’Institut national de police scientifique qui effectuait ces analyses à Ecully, en région lyonnaise.
Côté moyens humains, Bruno Retailleau a par ailleurs confirmé l’installation de « deux escadrons de gendarmerie mobile, sans enlever le peloton de la garde républicaine ». Mais aussi de « deux brigades nautiques« : une de gendarmerie et une de police. Elles s’installeront respectivement en Basse-Terre, à Gourbeyre, et à Pointe-à-Pitre. Concernant l’unité nautique de la Gendarmerie, celle-ci avait déjà été annoncée dans le cadre du plan des 238 nouvelles brigades en 2023.
Le ministre a en outre détaillé les moyens techniques déployés sur l’archipel des Caraïbes : « deux radars qui surveilleront les canaux de la Dominique et des Saintes, pour surveiller les arrivées, et un drone », pour le contrôle des 700 km de côtes, très problématique en Guadeloupe, répartis sur six îles différentes.
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Axes d’effort aux ports et aéroports
Enfin, le ministre a rappelé le rôle de point d’entrée du port et de l’aéroport de Guadeloupe et les moyens déjà mis en œuvre dans ces zones stratégiques. À l’aéroport, le dispositif du 100 % contrôle prouve ainsi son efficacité. Côté port, le scanner mobile pour les conteneurs a par exemple permis, vendredi, de saisir 55 kg de cocaïne.
Cependant, « compte tenu du fait que le Grand port maritime de Guadeloupe va devenir un hub pour les Antilles et la Caraïbes », le secrétariat général de la mer (SGMer) va mener d’ici quelques semaines une mission d’audit de « l’ensemble des process du port », a ajouté M. Retailleau. En effet, la nouvelle physionomie du port, qui doit passer d’un terminal de débarquement à un terminal de transbordement, fait craindre aux autorités, notamment judiciaires, un regain du trafic de drogue.
Le Grand Port Maritime de la Martinique connaîtra le même audit. Ce port est une autre composante du projet « Hub Antilles » qui vise à transformer ces deux ports en un centre logistique et maritime régional majeur.
Criminalité « hors norme » aux Antilles
Ces visites interviennent alors que la criminalité aux Antilles atteint un niveau « hors norme », selon les responsables locaux. Ils réclament depuis des mois des moyens renforcés et une réponse de l’État « à la hauteur de l’urgence ».
Sur les deux territoires, les autorités s’alarment d’une circulation massive des armes sur fond de narcotrafic. Les Antilles françaises sont devenues un point de transit privilégié entre l’Amérique du Sud, les États-Unis et l’Europe. L’année 2024 s’était ainsi soldée par 33 homicides en Guadeloupe et 29 en Martinique, plaçant ces territoires aux 2e et 3e rangs de France en terme d’homicides, derrière la Guyane.
Selon un rapport publié par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) des Antilles-Guyane, les juridictions de Fort-de-France (Martinique), Basse-Terre (Guadeloupe) et Cayenne (Guyane) recensaient déjà 61 homicides au 26 juin 2025. Soit une moyenne de sept homicides pour 100.000 habitants par an, contre 1,1 en France métropolitaine.
(Avec l’AFP)
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