Courir quasiment l’équivalent de quatre marathons en deux jours et demi ! Voilà le nouveau défi totalement fou que s’apprête à relever l’adjudant David Barnabé qui, rappelons-le, est amputé de la jambe gauche. Du 9 au 11 mai 2023, en compagnie du gendarme Régis Descamps, ils chausseront les baskets au départ du centre de production multimédia de la Gendarmerie nationale (CPMGN) de Limoges (Haute-Vienne), direction le centre national d’entraînement des forces de Gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier (Dordogne). Tout au long de leurs parcours, ils s’arrêteront dans plusieurs brigades afin de défendre les associations pour lesquelles ils courent : "Gendarmes de cœur" et "Jepretemesjambesa".
"Un projet de fous"
Entre l’adjudant David Barnabé, du Centre national d’entraînement des forces de la Gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier, et le gendarme Régis Descamps, du centre de production multimédia de la Gendarmerie nationales de Limoges, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour mettre sur pied ce projet hors-norme. Les deux militaires ne se connaissent que depuis quelques mois. Mais très vite, ils ont manifesté le désir de relever un défi ensemble."On s’est vu la première fois à Rochefort lors des derniers championnats de France militaire de cross-country en novembre 2022. David Descamps venait de courir 210 kilomètres pour son association jepretemesjambesa et m’avait demandé de l’accompagner sur le dernier kilomètre à Rochefort. Je lui ai alors dit qu’il était fou. Il m’a dit que je l’étais aussi. Et entre fous, dès le lendemain, on a mis sur pied ce projet de fous !", explique l’adjudant David Barnabé. "Nous courrons 130 kilomètres les deux premiers jours pour finir sur 30 kilomètres pour la dernière demi-journée".
Des arrêts prévus dans les brigades
En raison de son handicap, David Barnabé alternera course et vélo durant les 168 kilomètres de parcours qui le mèneront jusqu’à chez lui, à Saint-Astier. Son coach l’adjudant-chef Christophe Croze, le suivra en vélo. Dans la voiture de ravitaillement, sa femme l’accompagnera, avec peut-être le gendarme Franck, également affecté au CPMGN de Limoges. Il est le père de Pauline, 9 ans, pour qui l’association "Jepretemesjamesa" a été créée en 2014. Atteint d’un cancer incurable de la moelle osseuse, le gendarme Franck sera également présent pour ce défi si son état de santé le permet. "C’est très important pour nous de défendre le handicap, la maladie et la solidarité", ajoute David Barnabé. Il y a plusieurs mois, dans nos colonnes, Régis Descamps, indiquait : "L’objectif est de faire entendre qu’il y a dans notre entourage familial, professionnel ou simple voisinage des enfants malades. Au-delà des enfants, il y a des familles, des frères et sœurs qui se trouvent parfois isolés dans l’oubli et l’indifférence totale".
Durant les 168 kilomètres de course, ils ont prévu de s’arrêter dans plusieurs brigades afin de présenter les causes qu’ils défendent au niveau des associations "Gendarmes de cœur" et "Jepretemesjambesa". Logiquement, sauf météos contraires, ils devraient faire une halte à Solignac (87), Nexon (87), Saint-Yrieix-la-Perche (87), Saint-Pardoux-la-Rivière (24), Brantôme (24), Périgueux (24) et Saint-Astier (24).
Des parcours hors-normes
Depuis neuf ans, le gendarme Régis Descamps a couru une quinzaine de courses pour les autres, ce qui représente près de 6.000 kilomètres et une vingtaine de paires de chaussures utilisées. A chaque course, la méthode est la même. Durant le trajet, le gendarme court avec une bannière, un drapeau ou un tee-shirt d’enfant avec sa photo, son prénom et sa maladie. Depuis le début, le gendarme a créé une page Facebook jepretemesjambesa ainsi qu’un compte Instagram.
David Barnabé, de son côté, est membre de l’association "Gendarmes de cœur". En janvier 2019, il avait pris la décision de se faire amputer d’une jambe après avoir été grièvement blessé une dizaine d’années plus tôt, lors d’une manifestation puis d’un exercice. A l’époque, le Franc-Comtois de naissance était gendarme à l’EGM 22/1 de Melun. Cela ne l’a pas empêché de courir des semi-marathon, de s’aligner sur les 50 kilomètres des 24 heures de l’OTAN et d’obtenir, récemment la médaille de bronze en para ski lors des derniers championnats du monde militaire de para ski.