Un décret du 23 octobre 2024, publié ce jeudi au Journal officiel, précise que « sur l’avis conforme du Conseil d’Etat, est déchue de la nationalité française, Fatma Akaichi ». Cette franco-tunisienne est née le 5 décembre 1985 à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire).
Soutien logistique et tentative de départ pour rejoindre l’Etat islamique
Selon Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), elle avait été condamnée une première fois en 2011 par le tribunal correctionnel d’Auxerre. Elle avait menacé de mort un journal tunisien ayant publié des caricatures du prophète Mahomet. Appartenant à une filière djihadiste lyonnaise, Fatma Akaichi avait été ensuite interpellée en 2016 par les autorités turques près de la frontière turco-syrienne et expulsée vers la France le 11 janvier 2017. Avant d’être condamnée, le 29 novembre 2018 par la cour d’assises spéciale de Paris à 5 ans de réclusion criminelle, dont trois ans de sursis de mise à l’épreuve (SME) pour soutien logistique et tentative de départ en Syrie afin de rejoindre l’Etat islamique.
Association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste
Ce procès visait cinq femmes et dix hommes pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». Parmi les quinze accusés, huit faisaient l’objet de mandats d’arrêt. Ils étaient poursuivis à des titres divers : participation à une filière de recrutement et d’acheminement pour rejoindre les rangs de l’Etat islamique en Syrie ou en Irak, soutien logistique et financier, tentative de rejoindre ces groupes terroristes ou arrivée effective dans leurs rangs. Cinq personnes se sont vues finalement condamnées à des peines allant de 17 ans de réclusion criminelle à cinq ans d’emprisonnement. Huit autres accusés par défaut avaient écopé de 30 ans de réclusion criminelle.
Cinquante-neuf déchéances de nationalité prononcées depuis 2015
La déchéance de la nationalité française a été infligée à cinquante-neuf reprises depuis 2015. Parmi les déchus, figurent désormais trois femmes.
La décision du 23 octobre 2024 porte ainsi à vingt-sept le nombre de déchéances prononcées depuis le début de 2024. Il y en avait eu onze en 2023, six en 2022, quatre en 2021, quatre en 2020, deux en 2019 et cinq en 2015. Elle a uniquement visé des Français possédant une autre nationalité. Ceux-ci ont participé à des attentats ou des tentatives d’attentat en France, ou combattu dans les rangs de Daech (Etat islamique) ou ceux d’Al-Qaïda. Ils ont aussi tenté de les rejoindre, en Syrie ou en Irak, ou apporté un soutien logistique et financier à ces organisations terroristes.
Pierre-Marie GIRAUD
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