Surnommée la reine des preuves, l’analyse des traces ADN est devenue, depuis le milieu des années 1980, un moyen d’investigation incontournable. Qui a permis d’innocenter un certain nombre de suspects, voire même de personnes déjà condamnées, ou au contraire de poursuivre des malfaiteurs passés jusqu’ici inaperçus. Un domaine où les gendarmes ont une expertise certaine. Il y a dix ans, l’utilisation d’une nouvelle technique de recherche par ADN apparenté avait permis par exemple de faire avancer l’enquête sur le meurtre sauvage d’Elodie Kulik.
Dans une série de tweets, les gendarmes de l’Institut de recherche criminelle (IRCGN) viennent de signaler une nouvelle innovation des militaires français, qui leur permet d’obtenir un rapprochement en seulement 90 minutes. C’est une nouvelle avancée de taille dans cette course de vitesse entre les enquêteurs et les auteurs d’un crime ou d’un délit. Les gendarmes avaient déjà, ces dernières années, breveté leur outil de prélèvement biologique GendSag, qui permettait in fine d’avoir un résultat sous les deux heures.
Première mondiale au @GendarmeriePjgn dans l’analyse ADN !
Pour répondre dans le temps de la GAV, le PJGN a mis en place OM, en lien avec l’équipe support France @Thermofisher, un RapidHit qui fournit, à partir d'une trace riche en ADN, un profil à comparer à ceux du FNAEG. pic.twitter.com/BgeWwGPIQy— 🇫🇷 PJGN (@GendarmeriePjgn) November 5, 2021
ADN, reconnaissance de la voix: la géométrie variable des preuves de l’affaire Kulik
Affranchissement des contraintes logistiques
Cette fois-ci, l’innovation se situe dans l’affranchissement d’une logistique parfois bien trop lourde. Concrètement, les experts de l’IRCGN ont adapté une technologie, RapidHit ID System, à leurs besoins. Après deux ans de travail, l’outil vient d’être agréé par le ministère de la Justice et le comité d’accréditation, ce qui lui ouvre la voie d’une utilisation dans des procédures judiciaires. Son intérêt? Il permet de faire dialoguer entre eux des experts situés en différents points du territoire. Les gendarmes locaux d’une cellule d’identification criminelle peuvent ainsi travailler à distance avec un expert généticien de l’IRCGN. C’est ce dernier qui contrôle la machine, depuis son laboratoire de Pontoise.
La mutualisation de la police scientifique, une source d’économies pour la Place Beauvau?
Une fois l’analyse réalisée de manière automatique par la machine en 90 minutes, le résultat est téléchargé par une connexion sécurisée, analysé par l’expert de l’IRCGN et transmis au fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) pour identifier l’individu à l’origine de la trace ADN prélevée sur la scène de crime”, résume la Gendarmerie.
Le 1er novembre, un mis en cause a ainsi pu être identifié dans une affaire de cambriolages commis à Nouméa. “Les contraintes logistiques liées à l’acheminement des prélèvements ADN à analyser en métropole et les délais de réponses font désormais partie du passé, espèrent les gendarmes de l’IRCGN. Cette analyse ADN 2.0 est une vraie révolution en offrant une réponse scientifique immédiate sans frontière compatible avec le temps de la garde à vue et celui de la flagrance.”