C’est avec un discours ferme et engageant que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est adressé lundi 12 septembre 2022 aux commandants de groupements de gendarmerie et aux directeurs départementaux de la sécurité publique de la Police, réunis pour l’occasion dans le jardin de l'Hôtel de Beauvau. Objectif: leur présenter la loi d'orientation et de programmation du ministère (Lopmi), portée devant l'Assemblée et le Sénat, mais aussi faire passer quelques messages à celles et ceux qui dirigent les gendarmes et les policiers sur le terrain.
Multiplier la présence sur voie publique
La présence sur la voie publique des gendarmes et des policiers “doit être multipliée dès les prochaines heures et dans les prochains jours” a demandé avec instance le ministre. Il a en effet constaté une baisse de la présence des forces de l’ordre sur la voie publique, tant dans les statistiques qui lui sont remontées que dans les échanges qu’il a pu avoir avec des élus locaux. Et ce, “alors même qu’il y a plus d’effectifs”, s’est-il étonné.
Les premiers effets de la hausse d’effectifs semblaient pourtant porter leurs fruits, avec les 10.000 emplois supplémentaires créés dans le cadre du précédent quinquennat (même si un tiers ont été orientés vers les services de renseignement), et compte tenu aussi que les dernières affectations devraient arriver dans les prochaines semaines.
Cette hausse devrait se poursuivre dans les années à venir avec les 8.500 nouveaux postes annoncés, dont 3.000 dès 2023 et 2.000 en 2024, sans compter les 3.000 assistants d’enquête qui seront formés parmi les personnels administratifs des deux forces, pour soulager les OPJ et les APJ.
Sans en donner la liste précise, le ministre a pointé du doigt une vingtaine de départements où les résultats ne sont pas au rendez-vous. Dans ces derniers, dont il a affirmé vouloir les suivre personnellement, il va demander aux préfets une note hebdomadaire sur les résultats obtenus quant à la délinquance et notamment la présence sur la voie publique. Il attend d’eux “qu’ils s’impliquent personnellement”, tout comme les responsables de la gendarmerie et de la police dans chaque département doivent le faire, “ou (devraient) le faire davantage”.
Avertissements sur les patrouilles à pied et les caméras piétons
Ironisant sur la récente dotation en nouveaux véhicules, l’occupant de la Place Beauvau a signifié qu’il fallait faire “descendre les policiers et les gendarmes de voiture”, sans quoi il "n’achèterai(t) plus de nouveaux 5008". Cette présence accrue sur la voie publique doit donc se traduire par une présence à pied qui “doit être la règle”, par exemple “lors des marchés, à l’occasion des mariages, lors des fins de journées quand les gens rentrent du travail, ou encore dans les transports en commun”.
Évoquant les nouveaux matériels mis à disposition des gendarmes et des policiers, il a fait un rappel sur l’emport systématique des caméras piétons dont sont désormais équipés tous les commissariats et les brigades de gendarmerie. “Les caméras piétons sont faites pour être portées. J’ai constaté (…) que tous les chefs n’avaient pas fait porter les caméras piéton aux policiers et aux gendarmes, nous privant ainsi de preuves évidentes pour montrer que les policiers et les gendarmes respectent la déontologie et respectent les règles de la République”. S’adressant toujours aux chefs des gendarmes et des policiers dans les départements, le ministre a ajouté: ”Je crains que la prochaine fois que je ne vois pas de caméras piétons portées par les effectifs, même de nuit, ce ne soit pas seulement le gardien de la paix ou le gendarme de brigade qui trinquera!” “Ces caméras que nous vous avons livrées ne servent à rien dans les brigades territoriales et dans les remises des commissariats!”
Ce mode sécurité des caméras-piétons des gendarmes qui permet un enregistrement discret
Des points positifs
Outre les axes d’efforts et l’attente de résultats, le ministre a aussi salué l’action des gendarmes et des policiers ces dernières années.
Tout d’abord en matière de terrorisme, puisque l’action des forces de l’ordre combinée à celle des services de renseignement a permis selon Gérald Darmanin d’éviter 39 attentats terroristes sur le sol français depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, “dont six ces derniers mois” .
Autre axe de réussite salué par le premier flic de France, la lutte contre les stupéfiants, dont il avait fait un des sujets prioritaires dès le précédent mandat. Selon lui, plus de 700 points de deal ont ainsi été démantelés et de nombreux réseaux de trafiquants mis à mal.
Enfin, il s’est félicité des bons résultats en matière d’expulsion de délinquants étrangers ayant commis des faits sur le territoire, en citant le chiffre de 3.352 expulsions.
Faire redescendre les consignes aux unités
Lors de cette prise de parole devant les commandants des forces départementales de police et de gendarmerie, Gérald Darmanin a insisté sur le fait qu’il était “vraiment (…) impératif” que les chefs soient “plus présents auprès de leurs troupes”.
À plusieurs reprises, il a insisté sur sa demande de “faire redescendre ses consignes” aux gendarmes et policiers sur le terrain. Pour cela, en fin de discours, il a incité les chefs à aller porter sa parole "dans chaque brigade et dans chaque commissariat" à l’occasion de temps d’échanges avec leurs unités.
Il a par ailleurs indiqué qu’il allait envoyer une lettre à l’ensemble des policiers, ainsi qu’une autre à l’ensemble des gendarmes, pour les féliciter du travail accompli, leur présenter les grands objectifs de la Lopmi, et redire les priorités actuelles. Des lettres finalement publiées sur ses réseaux sociaux dès la fin de son discours.
Loi d’orientation et de programmation de @Interieur_Gouv, priorités pour les prochains mois…retrouvez le courrier que j’ai écrit à tous les gendarmes de notre pays 👇 pic.twitter.com/A9w80tTlPA
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) September 12, 2022