Par Gabriel Thierry – DESSINS DIAMATITA
Ce jeudi 11 février 2021, à Pleumeleuc, en Ille-et-Vilaine, la psychologue s’impatiente. Magali Blandin, l’une de ses patientes, devait venir pour 10 heures. Il n’y a toujours personne. Rien de grave, cela arrive. Mais ce qui est moins banal et bien plus inquiétant, c’est de ne pas aller, le lendemain, chercher ses bambins à l’école – la mère de famille a quatre enfants, âgés de 3 à 14 ans. C’est Aurélie, une collègue de Magali, éducatrice spécialisée, qui le signale aux autorités. L’école vient de l’alerter. Alors que Magali, qui vient de se séparer de son mari, a la garde des enfants ce week-end, personne n’est venu les chercher. « Ce n’est pas normal », convient Jérôme, le père, aux gendarmes, selon Le Parisien. « Même si nous sommes en bataille pour la garde et le divorce, c’est une très bonne mère. »
Une enquête pour disparition inquiétante est aussitôt ouverte et confiée aux gendarmes de la brigade de recherches de Montfort-sur-Meu, la ville où vit Magali, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Rennes. Les militaires lancent un appel à témoin pour retrouver cette femme souriante, menue, aux cheveux châtain clair mi-longs.
Selon les premiers éléments de l’enquête, Magali est partie de chez elle, le jeudi vers 10 heures, à pied. Grâce à son téléphone, les enquêteurs tracent un premier itinéraire.
La mère de famille aurait marché vers le nord, dans le bocage, pas très loin d’un cours d’eau. Pas plus étonnant que cela : comme le rapporte à l’époque France Bleu, la quadragénaire fait souvent des randonnées. Elle aurait donc pu vouloir arpenter la campagne enneigée, un spectacle rare en Ille-et-Vilaine.
Les gendarmes procèdent d’abord à plusieurs battues et font appel à des plongeurs.
Deux cours d’eau sont sondés, tandis que les militaires et des centaines de bénévoles arpentent les champs. A ce moment-là, les autorités judiciaires restent très prudentes, aucune hypothèse n’est écartée : accident de randonnée, piste criminelle – même s’il n’y a aucune trace suspecte dans son appartement –, disparition volontaire, ou encore suicide, la justice et les gendarmes planchent tous azimuts.
Toutefois, comme le signale le parquet de Rennes qui demande l’ouverture d’une information judiciaire, la mère de famille a déjà un dossier ouvert par la justice, qui avait mis en place un accompagnement. Cinq mois auparavant, Magali Blandin a en effet porté plainte pour violences conjugales contre son mari. Mais l’affaire avait été classée sans suite.
« Désespérant et révoltant »
« Le couple venait de se séparer. Elle a été tuée à coups de batte de baseball. Elle avait déposé plainte pour violences. Rien ne change.
C’est désespérant et révoltant », avait déploré sur Twitter la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. « Dire que la justice ne fait pas son travail et que rien ne change, c’est très injuste », avait répondu le procureur de Rennes, Philippe Astruc.
La tâche des magistrats n’était pas si simple : la mère de famille avait admis des violences réciproques, il aurait donc fallu la poursuivre aussi. Mais l’infraction avait été jugée insuffisamment caractérisée. « Généralement, les violences, ce sont plus des bousculades, des insultes en tout genre, des dénigrements », avait expliqué Magali. Autant d’éléments qui peuvent être insuffisants pour obtenir une condamnation en justice. Ce qui explique le choix du parquet de Rennes de mettre en place un accompagnement en saisissant des associations et un intervenant
