En déplacement dans le Cher jeudi 29 septembre 2022, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a officiellement lancé la phase de concertation avec les élus locaux. Au cœur des débats, le nombre des brigades et la localisation de leurs implantations dans chaque département. Cette consultation, qui s'étalera sur six mois, doit aboutir à un arbitrage qui sera rendu dans le courant du premier trimestre 2023.
Les préfets à la manœuvre
Même si le ministre avait annoncé qu'il se déplacerait autant que nécessaire dans les territoires pour accompagner cette concertation, ce sont bien en premier lieu les préfets des départements qui vont assurer ce dialogue de proximité, appuyés par les commandants de groupement de gendarmerie départementale. Chaque binôme ainsi formé réunira les élus afin de leur "présenter l’état des forces et faiblesses de la sécurité sur le territoire concerné, l'historique, les chiffres de la délinquance, l'évolution de la population etc.", comme Gérald Darmanin l'a expliqué dans un entretien au groupe Centre France.
Après une importante diminution du nombre de brigades depuis le début du siècle (suppression de près de 500 brigades depuis 2000), l'exécutif tend à faire marche arrière, du moins à rétro-pédaler légèrement. Le ministère de l'Intérieur souhaite ainsi recréer 200 brigades de gendarmerie dans les années à venir. Un projet d'ailleurs inscrit dans sa Loi d'orientation et de programmation (Lopmi). Objectif principal: se concentrer "sur les secteurs qui ont gagné de la population et sur ceux où les services publics ont déserté".
À terme, deux ou trois nouvelles brigades devraient donc voir le jour dans la plupart des départements. Le ministre se dit toutefois ouvert à des adaptations locales. Par exemple, si dans un département, aucune nouvelle brigade ne s'avère nécessaire, il est possible que son « quota » soit reporté sur un ou plusieurs autres. La répartition devrait donc se faire presque à la carte, en fonction des problématiques locales, étudiées de près par les services de l'Etat et les collectivités.
Une première vague de création interviendra en principe d'ici l'été 2023. 950 postes supplémentaires de gendarmes ont d'ailleurs été programmés dès le premier semestre 2023.
Répartition équitable Police/Gendarmerie des effectifs supplémentaire prévus par la Lopmi
Un mouvement à moindre coût
Ce "mouvement", comme l'appelle le ministre, doit se faire "à moindre coût". C'est à dire que la réutilisation de bâtiments publics déjà existants, mais "pas ou plus utilisés", est une priorité. Les collectivités pourront également mettre à disposition des locaux. D'ailleurs, lors de sa rencontre avec les élus du Cher, le 29 septembre 2022, Gérald Darmanin a précisé qu'il pourrait s'agir aussi d'implantations dans des bâtiments mutualisés avec d'autres services, comme "des polices municipales, des services municipaux, des services de l'Etat, ou bien des casernes de pompiers".
Autre information, le ministre a assuré que "le coût de cette mesure reviendra « entièrement » à l'Etat", relève France 3 Centre Val de Loire. Il a répété que ces 200 brigades étaient prévues dans la Loi d'orientation et de programmation du ministère, dont le budget a été revu à la hausse. Néanmoins, malgré ce budget en hausse pour 2023, l'enveloppe consacrée à l'immobilier semble bien insuffisante pour des créations nouvelles, et bien faibles pour effectuer des aménagements spécifiques aux missions de la Gendarmerie dans des bâtiments non-prévus à cet effet initialement.
Il convient tout de même de garder un temps d'observation avant de se réjouir totalement, puisqu'on sait déjà qu'une large partie de ces nouvelles brigades devraient être des unités mobiles, permettant de "se focaliser sur des axes routiers, s'adapter aux pics d'activité touristique ou agricole qui provoquent des déplacements de délinquance", ou encore "aux jours de marché". "Il n'y a pas de proportion préétablie, souligne le ministre. On s'adaptera aux demandes locales."
Ces "brigades itinérantes" pourraient par exemple suivre le modèle de camping-cars qui assurent des permanences dans différentes communes d'un département, comme il en existe déjà dans certains groupement comme dans la Vienne ou le Calvados.
Les 200 nouvelles brigades, un mélange d’implantations nouvelles et de structures mobiles
Rendez-vous en avril 2023
Reste que du côté des élus locaux, l'attente est là. Récemment, lors d'une réunion annuelle sur la sécurité, organisée par la compagnie de gendarmerie de Béziers avec les édiles du territoire qu'elle couvre, un maire a "regretté le manque récurrent d’effectifs de gendarmerie sur le territoire", comme le rapporte Midi Libre. "Nous demandons légitimement les effectifs que nous sommes censés avoir à la communauté de brigades, rien de plus", a affirmé l'élu, également président d'une communauté de communes.
La présence des gendarmes est donc au cœur des préoccupations pour les collectivités. Et même si de nouvelles unités pourraient répondre à un besoin évident dans les endroits réputés désertés, le manque d'effectif au sein des unités déjà en place est aussi un phénomène criant. Revendication qui devrait d'ailleurs ressortir largement des consultations locales organisées jusqu'en début d'année prochaine.
Un temps annoncés pour janvier, puis février 2023, les résultats de ces concertations locales et la liste des implantations des 200 nouvelles brigades devrait finalement être publiée fin mars ou courant avril 2023. Le ministère a en effet souhaité que la consultation s'étale sur six mois. Le rendez-vous est pris.