Outre-mer, l'opération Wuambushu de destruction de bidonvilles, en raison de la dangerosité et de l'insalubrité de ces habitats de fortune, se poursuit à Mayotte. Lundi 19 juin 2023, de nouvelles opérations de "décasages" ont été menées avec la participation importante de gendarmes, dans un petit bidonville du nord-est de ce département français de l'océan Indien où vivent des migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l'archipel voisin des Comores.
"On fait un tour du quartier pour vérifier que tout le monde a évacué les lieux et on évite toute problématique, tout acte de rébellion", a expliqué à l'AFP le général Olivier Capelle, qui dirige la gendarmerie de Mayotte, à l'entrée du site de Barakani, dans la commune de Koungou, avant que ne soient cassées les habitations de fortune. Là, 80 gendarmes ont été déployés depuis 07h00 locales (06h00 à Paris). Ce quartier informel, qui comptait 80 cases en tôle selon la préfecture, n'en compte plus qu'une dizaine en cours de destruction ce lundi.
Des centaines de gendarmes et policiers déployés depuis avril
Les autorités françaises ont déployé, depuis avril 2023, des centaines de policiers et gendarmes à Mayotte pour mener une série d'interventions des services sécuritaires et sociaux, regroupées sous le nom de "Wuambushu" ("reprise" en mahorais). L'opération, qui vise à réduire l'habitat insalubre et à expulser les personnes en situation irrégulière dans l'archipel, est dénoncée par des associations comme "brutale", "antipauvres" et violant les droits des migrants. Mais parallèlement, elle est soutenue par les élus locaux et de nombreux Mahorais. Certains ont d'ailleurs manifesté à plusieurs reprises leur soutien aux forces mobilisées pour cette opération sans précédent.
Selon le préfet Thierry Suquet, plus de 400 policiers et gendarmes supplémentaires sont toujours sur l'île. "Quatre escadrons de gendarmes mais également la CRS 8 et des renforts au sein de la police aux frontières ont pris la relève des effectifs qui viennent de partir", a-t-il énuméré devant la presse lundi.
À Mayotte, l’opération Wuambushu prévue pour durer
Des habitants partent d'eux-mêmes
Dans le quartier de Barakani, "tout a été démonté par les habitants eux-mêmes. Souvent, ils veulent récupérer les matériaux car ils coûtent très cher ici", indique le général Capelle. Restent des amas de tôles, des résidus de bois et des bassines en plastique ou autres ustensiles de cuisine. Il a fallu "tout déblayer avant de commencer à détruire les cases restantes", selon Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l'habitat insalubre à la préfecture, qui regarde la cinquantaine d'ouvriers d'une entreprise œuvrer. Le chantier devrait durer jusqu'à mercredi.
Au total, 20 familles vivaient dans ce quartier de Barakani installé sur une colline surplombant la mer. Et alors que les "deux tiers étaient en situation régulière, aucune n'a été relogée", souligne Psylvia Dewas. "Les gens sont partis très vite", complète-t-elle. "Nous étions en contact avec deux familles ayant déposé des recours, mais elles ont refusé les propositions de relogement".
D'autres démolitions programmées et des sollicitations supplémentaires des élus
A la place du quartier, une station d'épuration doit être construite. Les travaux devraient démarrer la semaine prochaine. Fin mai, les pelleteuses s'étaient attaqué à Talus 2, l'un des plus importants bidonvilles de Mayotte. La préfecture a déposé sept autres arrêtés pour la démolition de quartiers informels, notamment en Petite-Terre et à Hamouro.
"Nous sommes sollicités de plus en plus par les maires, donc on travaille sur de nouveaux périmètres", a indiqué le préfet. Mi-mai, il avait précisé que l'Etat prévoyait de détruire à Mayotte, dans les prochains mois, "1.000 cases identifiées" comme étant des logements insalubres.
Opération de grande ampleur face à la criminalité et l’immigration à Mayotte