Malgré une apparente amélioration cette année, la délinquance et l’insécurité dans les transports en commun restent un fléau. Pour y faire face, le nombre de gendarmes et de policiers chargés de lutter contre ces problématiques va être doublé d’ici 2024. C’est l’annonce que vient de faire Gérald Darmanin, dans un communiqué ainsi qu’un entretien au journal 20 Minutes.
Ce renforcement des effectifs passera notamment par la création de 77 unités supplémentaires, dédiées à la sécurisation des transports, qui se concrétisera avec l’apport d’environ 1.300 policiers et 600 gendarmes supplémentaires. Le ministère précise que ces renforts seront “progressivement mis en place jusqu'au printemps 2024 afin d'être pleinement opérationnels pour les Jeux Olympiques et Paralympiques”.
En dehors de l’Ile-de-France –où la Préfecture de Police de Paris va bénéficier de 200 policiers supplémentaires pour la police des transports– chaque région disposera d’un Service interdépartemental de sécurisation des transports en commun (SISTC), implanté dans le chef-lieu régional et confié, a priori, à la responsabilité de la Police nationale. Trois existent déjà en région PACA, à Marseille, dans le Rhône, à Lyon, et dans les Hauts de France à Lille. Ces services s’appuieront notamment sur une quarantaine de brigades de sécurisation des transports en commun (BSTC) de la Police, implantées dans les grandes agglomérations de métropole, comme il en existe déjà à Nice et Saint-Étienne.
Retrouvez la carte des 77 unités de police et de gendarmerie créées partout en France. En tout, près de 2000 policiers et gendarmes supplémentaires pour la sécurité des transports. pic.twitter.com/PmMf57RfG2
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 24, 2022
600 gendarmes et réservistes, et 30 nouvelles brigades dédiées
Même si elle s’avère moins concernée, n’étant pas, par définition, présente dans les grandes agglomérations –en dehors de Paris où des gendarmes mobiles sont affectés à la surveillance des réseaux de mobilités– la Gendarmerie sera aussi concernée par cette augmentation d’effectifs. Le ministère annonce ainsi près de 600 gendarmes supplémentaires pour ces missions de sécurisation des transports. Toutefois, dans le détail, seule la moitié devraient être des militaires d’active, le reste de ce contingent étant assuré par des réservistes opérationnels de l’Arme.
Sur les 200 nouvelles brigades de gendarmerie annoncées successivement par le ministre de l’Intérieur, de président de la République et la Première ministre, une trentaine de brigades seront dédiées à la sécurisation des transports en zone gendarmerie. Composées d'environ 10 gendarmes chacune, leur localisation sera arrêtée d’ici la fin de l’hiver, après la concertation menée avec les élus pour l’implantation des 200 nouvelles brigades.
En outre, cette hausse d’effectifs s’appuiera également sur des réservistes opérationnels de la Gendarmerie. Deux nouveaux pelotons, dédiés à la sécurisation des transports publics, vont être créés dans les zones de sécurité Ouest et Sud-Ouest. Composés d'environ 50 réservistes chacun, ils viendront compléter les cinq pelotons déjà existants dans les zones Nord, Est, Sud-Est, Sud et Paris, dont les effectifs seront doublés.
Début de la concertation en vue de la création des 200 nouvelles brigades
Une situation qui s’améliore au plan national ?
Selon les dernières études publiées par le ministère de l’Intérieur, les chiffres relatifs à la délinquance dans les transports montrent une amélioration globale de la situation au niveau national ces derniers mois. Depuis le début de l’année 2022, "une baisse de 8 % des violences dans les transports en commun a été enregistrée dans toute la France", se félicite Gérald Darmanin, alors qu'en 2021, la Police et la Gendarmerie avaient constaté une hausse de 4 % des vols et des violences dans les transports en commun. "Tous les indicateurs, notamment les vols et les agressions sexuelles, sont en baisse", précise-t-il.
En comparaison à la même période pour l'année 2021, les mois de septembre-octobre 2022 montrent une baisse significative de 18 % des violences aux personnes dans les transports. Sur les 20 départements qui concentrent le plus d'actes de délinquance en France, elles baissent même de 23 %. À Paris, la baisse est de 26 %, 33 % dans les Hauts-de-Seine, 22 % en Seine-Saint-Denis. Cette dynamique à la baisse se confirme également dans certains départements de province : 45 % dans les Alpes-Maritimes, 42 % en Haute-Garonne ou 50 % dans le Rhône.
Des statistiques qui méritent tout de même d’être mises en relief avec les hausses enregistrées en 2021. L’année dernière, la Gendarmerie et la Police avaient en effet enregistré près de 122.170 victimes de vols et de violences dans les transports en commun, soit une augmentation de 4 % par rapport à 2020. Plus inquiétant, le nombre de victimes de violences sexuelles dans les transports en commun a connu une très forte augmentation en 2021 (32 %), tout comme le nombre de victimes de coups et blessures volontaires, en augmentation de 15 %. Il faudra donc attendre le bilan de 2022 pour voir si cette baisse se confirme sur l’année ou au contraire, si cette tendance à l’augmentation des dernières années se poursuit.
Des constats qui ont sans doute motivé l’exécutif à mobiliser davantage de moyens sur ces problématiques majeurse qui renforcent le sentiment général d’insécurité en France. Une question d’autant plus sensible à l’approche de grands rendez-vous internationaux prévus en 2023 et 2024 en France, à savoir la Coupe du monde de rugby, et les Jeux Olympiques et Paralympiques.
LP
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